Décryptage

50% d’électricité renouvelable dès 2030 est possible en France selon une étude Artelys / E3G

Posté le 22 juin 2018
par Pierre Thouverez
dans Énergie

Le bureau d'étude Artelys, fondé notamment par des anciens d'EDF et spécialisé en modélisation des systèmes énergétiques, vient de publier, en collaboration avec le think tank européen E3G, une étude intitulée «Plus propre, plus intelligent, moins cher» montrant que la France peut passer à 50% d'électricité renouvelable dès 2030. Les batteries des voitures électriques, qui jouissent d'une très haute efficacité énergétique, jouent un rôle clé, ceci en symbiose avec les échanges d'électricité grâce aux interconnexions électriques.

Les auteurs montrent qu’il sera inutile de construire de nouvelles centrales au gaz fossile et qu’il sera possible d’éliminer complètement le charbon ainsi que de fermer environ 20 GW de nucléaire. En plus de l’hydroélectricité déjà en place 35 GW de centrales photovoltaïques et 40 GW de centrales éoliennes suffiront pour atteindre le niveau de 50%, dont 37% de solaire et d’éolien.

Les auteurs du rapport soulignent que, «sources importantes de flexibilité, le pilotage des consommations et le stockage d’électricité quotidien associé à la fonctionnalité de déchargement des batteries des véhicules électriques sur le réseau (vehicle-to-grid) facilitent l’intégration d’une proportion croissante d’électricité d’origine renouvelable (en particulier la production solaire photovoltaïque). De même, les interconnexions sont des outils stratégiques pour assurer la flexibilité du système électrique, en remplacement des centrales thermiques flexibles».  

Selon les scientifiques, «malgré la fermeture de 24 GW de capacités de production en base et semi-base, la France ne nécessite aucun investissement dans de nouvelles capacités au gaz (aucune centrale CCG de semi-base et aucune OCGT de pointe ne sont nécessaires) ou de stockage d’électricité (stations de pompage-turbinage hydraulique ou batteries connectées au réseau). Au lieu de cela, les interconnexions, un plus grand recours aux centrales CCG existantes et le pilotage de certaines consommations fournissent la flexibilité nécessaire pour intégrer la production croissante d’ENR et satisfaire les pointes de consommation électrique, même en période de faible production des énergies renouvelables»

Le rapport est disponible à cette adresse, en langue française:
http://www.energyunionchoices.eu/wp-content/uploads/2018/06/EUC_French_Report_Final.pdf

«Les véhicules électriques sont dotés de la fonctionnalité de déchargement de leurs batteries sur le réseau (V2G), laquelle permet d’activer une nouvelle capacité substantielle de stockage de l’énergie disponible pour les besoins du système électrique» expliquent les auteurs.

«Les coûts avantageux des batteries et des énergies renouvelables, seuls, ne sont pas suffisants pour transformer intégralement le secteur de l’énergie. Un nouveau souffle politique est nécessaire pour créer les conditions de leur essor, notamment en développant des réseaux intelligents et transfrontaliers, et en fermant des centrales nocives et en fin de vie» a déclaré Manon Dufour, directrice du bureau E3G à Bruxelles.

L’agence Bloomberg New Energy Finance (BNEF), référence à l’échelle mondiale dans le domaine des CleanTechs et basée à New-York, vient également de publier son New Energy Outlook (#NEO2018) soulignant également le rôle clé que vont jouer les batteries pour parvenir à de très hauts niveaux d’énergies renouvelables.

En réponse au projet du géant chinois CATL de construire une giga-usine de production de batteries en Allemagne, l’américain Tesla a également révélé un projet de gigafactory dans ce pays. Plus précisément à la frontière franco-allemande et pas loin du BENELUX.

Jean-Gabriel Marie


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