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EFICIA : surveiller la consommation d’eau des entreprises pour limiter les pertes

Interview

EFICIA : surveiller la consommation d’eau des entreprises pour limiter les pertes

Posté le par Arnaud Moign dans Environnement

Si les mesures de sobriété mises en place par les entreprises incluent en premier lieu l’électricité et le gaz, elles sont également nombreuses à vouloir réduire leur consommation en eau et en gaz industriels. L’entreprise EFICIA, qui propose une solution de pilotage globale des bâtiments, constate actuellement une hausse des demandes pour le pilotage de l’eau. Nous avons demandé à Alric MARC, son fondateur, de nous en dire plus à ce sujet.

Alric MARC, président et fondateur d’EFICIA
(crédit : EFICIA)

 EFICIA est une entreprise créée en 2013 et spécialisée dans le pilotage énergétique des bâtiments.

Elle propose aux professionnels le contrôle à distance des principaux équipements consommateurs d’énergie : chauffage, éclairage, ventilation, etc.

En complément du pilotage énergétique, EFICIA travaille également avec les acteurs du monde professionnel sur le pilotage de l’eau et envisage d’ajouter la supervision de l’eau à son application 100 % gratuite de suivi et d’analyse de consommation.

Techniques de l’ingénieur : Pourquoi opter pour l’installation de compteurs d’eau sur un site industriel ou commercial ? Les utilisateurs n’ont-ils pas accès aux données de consommation de leur compteur principal ?

Alric Marc : C’est le cœur du problème. Les entreprises désireuses de piloter leur consommation d’eau sont actuellement confrontées à un problème : les gestionnaires des réseaux ne partagent pas les données de consommation d’eau aux tiers indépendants, car ils n’en ont pas l’obligation légale.

Cela empêche l’intégration des données de consommation d’eau dans les EMS des entreprises, ce qui est absurde alors que les données de consommation d’électricité et de gaz sont partagées et intégrées !

En effet, la CRE[1] impose aux fournisseurs d’énergie d’intégrer des « sorties client », c’est-à-dire des connecteurs, sur les compteurs d’électricité et de gaz, afin de permettre l’exploitation des données de consommation.

Pour l’eau, malheureusement il n’y a ni norme, ni obligation légale de rendre les données accessibles. Dans les faits, si les compteurs d’eau « connectés » sont munis d’une antenne qui envoie les informations au fournisseur, le consommateur n’a aucun moyen de s’y brancher !

C’est la raison pour laquelle l’application proposée sur le site d’EFICIA intègre bien le pilotage de l’électricité et du gaz, mais pas celui de l’eau.

Nous avons donc besoin d’une loi qui permettrait de corriger cet état de fait.

Constatez-vous une hausse des demandes en ce qui concerne le pilotage de la consommation d’eau des entreprises ?

Bien que nos premières installations dédiées au pilotage de l’eau datent de 2013, nous constatons une hausse des demandes depuis environ 6 mois. Il faut savoir que le pilotage de l’eau n’est pas obligatoire, la démarche de ces entreprises est donc vraiment orientée développement durable. De plus, même si les épisodes de sécheresse se multiplient et que cela semble coïncider avec l’arrivée du plan Eau, cela fait longtemps que les démarches sont engagées, notamment avec certaines grandes enseignes de bricolage.

Pourquoi les grandes enseignes de bricolage mettent-elles en place des solutions de pilotage de l’eau ?

Pour montrer l’exemple ! Il faut savoir que ces magasins, de par les produits qu’ils ont en rayon, veulent renvoyer à leurs clients une image positive. Ces grandes enseignes vendent aux particuliers des produits en lien avec le développement durable : matériaux d’isolation, panneaux solaires, PAC[2], poêles, dispositifs permettant des économies d’énergie et d’eau…

Ils ne peuvent donc pas inciter leurs clients à investir dans la transition verte pour leur logement s’ils ne le font pas eux-mêmes, surtout qu’ils développent leurs propres marques de distributeur.

Avec ces enseignes, nous avons donc mis en place de vrais plans de déploiement, pour équiper l’ensemble des sites avec des systèmes comprenant plusieurs compteurs d’eau (jusqu’à 10 parfois). La mise en place de notre solution leur permet ainsi d’identifier de potentielles fuites ou de mauvais usages.

Pour ce qui est des fuites, quand on sait qu’un simple robinet qui fuit peut gaspiller jusqu’à 120 litres par jour et qu’une chasse d’eau peut gaspiller jusqu’à 600 litres, le volume perdu devient vite conséquent pour une grande enseigne !

En effet, certains magasins sont extrêmement grands et emploient plusieurs centaines de personnes, leur consommation est donc proportionnelle à leur taille.

Il y a aussi d’autres sources de fuite, notamment au niveau des canalisations. Parfois elles sont visibles, donc facilement détectables, mais dans certains cas, par exemple pour des canalisations enterrées, la fuite restera longtemps invisible. Le pire, c’est lorsque la fuite survient sur un réseau d’incendie enterré. Ces réseaux étant dimensionnés pour fournir des débits d’eau importants[3], une fuite non détectée peut coûter cher et même provoquer des dégâts importants (affaissement du sol, problèmes d’humidité, etc.).

Pour ces raisons, il est donc important d’installer un compteur sur son réseau RIA (robinet incendie armé) !

Et les mauvais usages de l’eau, quels sont-ils ?

Il peut s’agir d’une surconsommation d’eau potable, comme une mauvaise utilisation de l’eau de pluie. Dans leur démarche de gestion de l’eau, ces entreprises prévoient parfois des systèmes de récupération d’eau de pluie, sur les toitures et les parkings, notamment sur les sites « neufs ». Mais posséder des récupérateurs n’est pas une garantie d’économie d’eau, encore faut-il que les utilisateurs exploitent cette eau, notamment pour l’arrosage.

La pose de compteurs permet donc de vérifier si cette eau est exploitée. Pour piloter les usages, nous posons également différents capteurs permettant de mesurer le niveau d’eau des cuves, ainsi que la température et le taux d’humidité de l’air. Cela permet de conditionner l’arrosage aux conditions météo, car il n’est pas toujours utile d’arroser lorsque le taux d’humidité est élevé. Bien entendu, libre au client de suivre ou non les conseils que nous lui apportons !


[1] Commission de régulation de l’énergie

[2] Pompe à chaleur

[3] Débit minimum entre 34 l/min et 128 l/min selon les dimensions du tuyau, soit 3 à 10 fois plus qu’un réseau d’eau potable !

Pour aller plus loin

Posté le par Arnaud Moign


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