Élisabeth Borne demande, et Jean-Bernard Lévy répond par la négative. Dimanche 10 novembre, la ministre de la Transition écologique et solidaire avait demandé à EDF d’envisager un scénario composé à 100% d’énergies renouvelables. En clair, de se demander comment se passer du nucléaire. Mercredi 13 novembre, lors d’une audition par la Commission des affaires économiques du Sénat, le PDG d’EDF se montre opposé à une telle idée. Pour lui, atteindre la neutralité carbone en 2050 n’implique pas nécessairement de se passer du nucléaire, qu’il souhaite, au contraire, développer.
« Nous continuons de penser que le nucléaire, qui n’émet pratiquement pas de CO2, qui est pilotable, a toute sa place dans le mix français à l’horizon 2050. C’est la position d’EDF » a déclaré Jean-Bernard Lévy. Premier argument avancé : le prix. Le nucléaire permettrait d’assurer une « électricité en France 30 à 40% moins chère que dans les pays voisins. Voire même 80% moins chère qu’en Allemagne ». Donc plutôt que d’imaginer un plan sans nucléaire, Jean-Bernard Lévy préférerait voir les industriels rassurer l’État sur cette filière. Un exercice auquel il s’est largement adonné face aux sénateurs.
Un nucléaire qui « fonctionne bien », mais Flamanville toujours enlisé
Présenter un nucléaire français fiable, stable, fort, voilà l’intention d’EDF. Preuves en sont faites, à la suite du séisme de Montélimar, dans les centrales du Tricastin et de Cruas. Le PDG se veut rassurant en arguant que l’épisode sismique n’a eu aucune incidence sur le site du Tricastin. L’arrêt de l’activité de Cruas répondrait uniquement à une mesure de sécurité et ne refléterait aucun risque notoire. « Les inspections en cours montreront qu’il n’y a pas de dommage. Nous sommes totalement rassurés aujourd’hui sur le fait qu’il n’y a pas de danger sur ces centrales ». La centrale, située à une vingtaine de kilomètres de l’épicentre du séisme, sera remise en fonctionnement dans les prochains jours.
« Les 58 centrales fonctionnent bien. Même les deux unités de Fessenheim fonctionnent bien ». Mais malgré les difficultés rencontrées sur le site de Flamanville 3, soulignées par le rapport Folz, Lévy considère que la filière nucléaire est essentielle à une France « qui ne dispose pas de ressources naturelles ». Pour expliquer les retards, EDF refuse de mettre en cause la technologie, qui « fonctionne à Taishan ». Le PDG déplore un emballement financier, des manquements de « qualité industrielle » et techniques, à l’instar de la pénurie de soudeurs qualifiés. Pour proposer une solution, EDF présentera un plan en décembre.
Nucléaire et renouvelable au service de l’électricité décarbonée
De plus, Jean-Bernard Lévy a annoncé qu’EDF soutiendrait auprès du gouvernement le projet de construction de six nouveaux réacteurs EPR « simplifiés ». Le montant global de l’opération s’élèverait à 45 milliards d’euros financés sur 20 ans. Ce montant s’ajoute aux 4 milliards d’euros annuels pour financer le grand carénage du parc actuel. Ces conditions seraient nécessaires pour atteindre l’objectif de la loi climat qui fixe la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50% en 2035.
Au-delà de la promotion du nucléaire, Lévy a réitéré les ambitions d’EDF en termes d’énergies renouvelables, pour lesquelles « EDF veut jouer un rôle majeur et encore plus important ». Le développement du parc éolien en mer est dans la ligne de mire de l’entreprise. L’avantage de ce mode de production serait de parvenir à produire une électricité sensiblement au même coût que celle issue du nucléaire. Autre piste envisagée : l’énergie solaire. Le plan solaire d’EDF prévoit le déploiement de 30 GW en 2035. Ainsi, nucléaire et énergies renouvelables seraient mises au service de la production d’une électricité « décarbonée », et permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre « à un facteur d’au moins 6 ».
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