Bienvenue dans le dix-septième épisode de Cogitons Sciences, le podcast qui décrypte les enjeux des sciences ! Voici le nouvel épisode de notre mini-série sur la sobriété dans l'industrie. Notre invité, Stéphane Le Pochat, directeur R&D du cabinet de conseil EVEA, nous détaille ce qu’est l’écoconception et l’un de ses outils phares, l’analyse de cycle de vie (ACV).
Nous nous interrogeons sur l’écoconception et sur l’un de ses outils les plus utilisés : l’analyse de cycle de vie. Cette méthode permet d’obtenir une photographie environnementale d’un produit ou d’un service, de façon à améliorer les impacts liés aux flux entrants et sortants d’énergie et de matière durant toute les étapes de sa vie.
Pour écouter l’épisode, c’est ici.
L’écoconception et l’analyse de cycle de vie [00:58 – 5:04]
L’écoconception est un processus de conception permettant de concevoir un produit (ou un service), le fabriquer et l’industrialiser en prenant en compte la dimension environnementale dans le but de réduire son empreinte carbone. Pour écoconcevoir, différents outils sont utilisés comme les normes. Mais le plus utilisé est l’analyse de cycle de vie (ACV). Celle-ci est plus précisément une technique de modélisation d’impacts environnementaux du cycle de vie d’un produit, depuis l’extraction jusqu’à la fin de vie en passant par la fabrication, la logistique, et toutes les autres étapes. afin d’améliorer le produit. L’approche est multicritères et comprend une dizaine d’indicateurs environnementaux, de même que la santé humaine, ou encore les ressources.
Les différentes ACV [05:11 – 7:25]
Il existe plusieurs types d’analyse de cycle de vie, dont la plus courante est celle qui porte sur le produit : l’ACV attributionnelle. Une seconde, baptisée conséquentielle, consiste à analyser les conséquences d’une décision sur l’ensemble de l’économie, par exemple les scénarios énergétiques à horizon 2050. Et une troisième, organisationnelle, sur l’activité de production d’une entreprise en intégrant les gammes de produits. “Il existe également une extension qui est l’analyse de cycle de vie sociale, ajoute Stéphane Le Pochat. Elle consiste à évaluer les impacts sociaux et sociétaux d’un produit mis sur le marché. C’est une méthode qui plaît beaucoup à l’industrie car elle s’intègre bien dans sa politique RSE.”
Une photographie environnementale [07:28 – 10:53]
L’analyse de cycle de vie est un outil d’aide à la décision. Il permet d’obtenir une photographie environnementale d’un produit pouvant être utilisé dans un processus d’écoconception. Cette photographie permet d’identifier les facteurs et les origines des impacts environnementaux. “Est-ce une problématique matériaux ? Si oui, de quels matériaux s’agit-il ?” illustre Stéphane Le Pochat. “A partir de cela, on peut penser des pistes d’amélioration.”
Promue par des directives [10:52 – 13:29]
C’est une technologie assez récente, qui date des années 1990. L’ACV a été poussée par des directives françaises et européennes d’écoconception. Puis vers 2007, un processus d’affichage environnemental a embarqué tous les secteurs industriels dans le calcul de l’empreinte environnementale. Dans des projets de recherche ANR par exemple, “il est obligatoire de réaliser une ACV pour les évaluer” ajoute Stéphane Le Pochat.
Quelques faiblesses encore [13:32 – 22:28]
De la simple feuille de papier au satellite, tout est en théorie modélisable. Même un modèle économique, comme celui de la fonctionnalité. “Après… on est rapidement confronté à la réalité du monde industriel, déplore Stéphane Le Pochat. La modélisation repose sur l’acquisition de données” souvent confidentielles ou coûteuses à obtenir. “Une ACV de qualité peut s’élever à une dizaine de milliers d’euros, détaille Stéphane le Pochat. Ce qui peut paraître cher pour des entreprises, mais en comparaison, le budget communication est bien plus élevé.”
Pour Stéphane Le Pochat, l’ACV est fiable s’il s’agit de comparer deux produits entre eux dans le cadre d’une prise de décision pour la re-conception. S’il est question de déterminer les vrais impacts environnementaux, alors elle ne l’est pas. “Et ce n’est pas l’objectif de l’ACV” précise l’expert. “Elle traite d’impacts environnementaux potentiels. Ce sont des indicateurs, qui ne reflètent pas la réalité.” Et la recherche continue d’avancer afin de rendre toujours plus robustes les méthodes de calcul. Deux axes font particulièrement l’objet de R&D : la prise en compte du temps et de l’espace dans le calcul d’impacts environnementaux. Par exemple le niveau de pollution qui évolue dans le temps et qui diffère en fonction de la zone géographiquement.
Largement utilisé par l’industrie [22:31 – 24:58]
Que ce soit dans les industries, dans les ETI ou les PME innovantes, l’ACV est largement utilisé. Mais cette utilisation se fait de différentes façons : soit en interne avec des petites équipes d’une à cinq personnes dédiées, soit externalisée dans des cabinets de conseil, soit un mélange des deux.
Références citées :
– Bilan carbone Scope 3
– Les précurseurs de l’ACV : Philips et Peugeot Citroën
Ressources pour aller plus loin :
– « Il y aura l’âge des choses légères« , sous la direction de Thierry Kazazian
– « Small is beautiful« , d’Ernst Friedrich Schumacher
– « Cradle to cradle » (“du berceau au berceau”) de Michael Braungart et William McDonough
Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Séverine Fontaine, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
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