Bienvenue dans le 10ème épisode de Cogitons Sciences, le podcast qui décrypte les enjeux des sciences ! Nous avons échangé avec Alexandre Tisserant, PDG de la société française Kinéis qui projette de lancer une constellation de nanosatellites. Notre invité nous a raconté son parcours atypique, de ses études d’ingénieur spécialisé en computer science, à son orientation vers le secteur du spatial.
Après une spécialisation dans l’informatique, comment les expériences professionnelles d’Alexandre Tisserant l’ont-elles conduit jusqu’au spatial ? Quelles différences l’ont le plus marqué dans ce secteur ? Et comment ces diverses compétences sont-elles reliées à un même cœur de métier, celui d’ingénieur ?
Depuis janvier 2019, Alexandre Tisserant est PDG de Kinéis. La constellation de 25 nanosatellites de Kinéis devrait fournir des services de connectivité destinés à l’internet des objets (IoT). Dans la continuité du projet Argos, ses applications vont – entre autres – du suivi de la biodiversité marine et terrestre, au suivi de l’activité volcanique, en passant par le suivi des convois de denrées sensibles.
En 2002, Alexandre Tisserant obtient un diplôme d’ingénieur spécialisé en computer science, de l’Ecole polytechnique. Il y ajoute en 2004 un deuxième master, délivré par Telecom ParisTech, et cette fois tourné vers le management, la stratégie commerciale et le développement de logiciel. Ni ses études, ni une carrière dans la finance au sein de l’Etat ne présageaient pour cet ingénieur une direction toute autre lorsqu’il rejoint CLS Group en 2017 : embrasser le domaine spatial. Un univers qui, pourtant, l’avait toujours fasciné…
Vous pouvez écouter l’épisode ici.
Une passion avant tout [1:00 – 11:18]
“Je ne pense pas que ça me prédestinait à y travailler, mais le spatial est un domaine qui me fascinait depuis très longtemps, nous confie Alexandre Tisserant. Adolescent, en lisant les magazines de vulgarisation scientifique, j’étais toujours très intéressé par les dossiers qui avaient trait à l’espace. Et quand ensuite j’ai eu des cours de mécanique spatiale, comprendre comment les astres tournent les uns autour des autres m’a captivé. À un moment, j’envisageais même de m’orienter vers l’astrophysique ; chose que je n’ai pas poursuivie, car je n’étais pas sûr que le domaine de la recherche me conviendrait. Comme par ailleurs j’aimais beaucoup l’informatique, je me suis spécialisé là-dedans.”
Dans l’espace infini, de la rigueur [11:19 – 23:46]
En 2017, alors que la famille part s’installer à Toulouse, où l’épouse d’Alexandre Tisserant va enseigner l’histoire à l’université, l’ingénieur cherche des opportunités de travail dans la ville rose. “De fil en aiguille”, il est alors recruté par CLS Group pour diriger le projet Kinéis, devenu par la suite une entreprise spin-off. Dans ce milieu qu’il découvre, comme nous l’explique Alexandre Tisserant, une spécificité se démarque : “Quand on envoie un objet dans l’espace, on n’y a plus accès, plus jamais, et on est donc obligé de réaliser une batterie de tests et de validations, à la fois électroniques, informatiques, mécaniques, thermiques, au sol. En plus, envoyer et développer le satellite coûte cher !” Et on n’a donc pas vraiment droit à l’erreur. D’où cette rigueur accrue. Qui peut même contraster avec le monde de l’informatique : “De là découle la méthode de l’ingénierie spatiale, qui est très différente de l’informatique, où on écrit du code, on compile, on exécute, on teste, et si ça ne marche pas, on refait”.
Le liant : la curiosité… Et une quête de sens [23:47 – 32:58]
“Ce qui m’a guidé tout au long de ma carrière, c’est la curiosité, une envie de comprendre comment les choses fonctionnent, et pouvoir les refaire moi-même”, décrète le PDG de Kinéis. Il continue : “C’est d’ailleurs comme ça que je me suis retrouvé à travailler pour le budget de l’Etat pendant quelques années, car c’était une mécanique financière que je ne comprenais pas au début, alors que c’est au cœur des ‘machines’ de l’Etat !” Son conseil aux étudiants ingénieurs ? “Savoir pourquoi vous faites ce que vous faites, et vous demander ce que ça produit pour la société en général !”
Pour écouter l’épisode, c’est par ici.
Références citées :
Le projet Argos (continué par Kinéis)
Ressources pour aller plus loin :
“Merci de changer de métier”, un livre de Celia Izoard
“Voyage en misarchie”, un livre d’Emmanuel Dockès
“Les couilles sur la table”, un podcast de Victoire Tuaillon
“Silicon Valley”, une série télévisée américaine
Cogitons Sciences est un podcast produit par Techniques de l’Ingénieur. Cet épisode a été réalisé par Intissar El Hajj Mohamed, en collaboration avec Marie-Caroline Loriquet. Le générique a été réalisé par Pierre Ginon et le visuel du podcast a été créé par Camille Van Belle.
(Crédit photo d’Alexandre Tisserant : Nuuk photographies)
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