Grâce à l’utilisation de déchets comme matière première, la fabrication du polymère Econyl permet une réduction de 55 % des émissions de CO2, par rapport à un polymère vierge. En effet, le recylage permet de s’affranchir de l’utilisation du process de fabrication du caprolactam, monomère utilisé dans la synthèse du nylon-6 « vierge ». Une fois le monomère obtenu, les étapes de production suivantes restent les mêmes que processus traditionnel. Ainsi, Ecofil permettrait d’économiser environ 7 barils de pétrole par tonne de polymères régénérés produite.
Créer un réseau mondial de collecte de déchets
Pour obtenir la matière nécessaire à la production de son fil Econyl, Aquafil collecte les déchets industriels générés par la production de nylon-6, des produits en fin de vie faits de nylon (tapis, moquettes, filets de pêche…) et les vêtements à base d’Econyl.
L’entreprise a déjà noué plusieurs partenariats dans le monde. Par exemple, elle récupère des tapis usagés aux Etats-Unis grâce au consortium Carpet America Recovery Effort (CARE). Elle y a aussi lancé le premier programme de reprise de bouts de tissus laissés par le processus de fabrication de maillots de bain, avec Speedo USA. Par ailleurs, Aquafil met particulièment l’accent sur la récupération des filets de pêche abandonnés dans la mer. Et ils sont nombreux ! Selon un rapport de Greenpeace, chaque bateau de pêche rejetterait jusqu’à 30 km de filets à chaque voyage. Pour réduire les impacts causés par ces abandons sur la vie marine, Aquafil participe à l’initiative Healthy Seas. Celle-ci a récupéré 109 tonnes de filets de pêche abandonnés près des côtes européennes en 2015. L’entreprise est aussi partenaire de l’initiative Net-Works qui récupère des filets de pêche abandonnés aux Philippines et au Cameroun, en coopération avec les villages de pêcheurs locaux.
Entre 2011 et 2013, l’entreprise a transformé 30 000 tonnes de déchets, et 26 000 tonnes rien qu’en 2014. A terme, Aquafil souhaite élargir son action, en multipliant les partenariats locaux et les filières de récupération de déchets. Pour le moment, l’ensemble des déchets récupérés dans le monde sont acheminés vers sa première usine de fabrication d’Econyl, inaugurée en 2011 à Lubiana, capitale de la Slovénie.
Plusieurs marques de vêtements ont déjà utilisé le fil Econyl dans la confection de leurs produits. Dernière grande nouvelle : fin mars 2016, la marque de jeans Levi’s a annoncé le lancement d’une version de son modèle 522 en Econyl.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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