En janvier 2016, le CRIIGEN publie une étude présentant le maïs OGM Bt 176 comme « nocif pour l’alimentation animale ». Ce maïs n’est pas un inconnu puisqu’il est le premier à avoir reçu une autorisation de commercialisation de l’Union Européenne en 1997. L’autorisation n’a cependant pas été renouvelée en 2007 et aucune bête n’est nourrie de cette façon depuis cette date. En fait, cette étude est présentée par José Bové et Michèle Rivasi comme une preuve obligeant les institutions européennes à « mettre en œuvre un protocole d’évaluation de long terme pour les OGM ».
Cette étude est pourtant sujette à caution selon Bernard Salles, directeur de l’unité de recherche Toxalim de Toulouse. « Ce que publie le CRIIGEN ne montre pas que le problème vient des OGM » explique le chercheur de l’Inra.
Pour comprendre cette affirmation il faut se plonger dans la façon dont l’étude est réalisée. Pendant 4 ans, de 1998 à 2002, 40% de l’alimentation de 70 vaches laitières est composée de maïs OGM. « Cette valeur est élevée. Habituellement, ces bêtes sont nourries à base de fourrage » pointe Bernard Salles. Plus important, un seul groupe de vache est étudié : celui nourri aux OGM. « Apporter des résultats comparés à un groupe témoin nourri dans les mêmes conditions mais sans maïs transgénique aurait été la base d’une étude scientifique. »
Ne pas avoir de groupe témoin fausse particulièrement les résultats de cette étude. En effet, la conclusion rendue par Michèle Rivasi révèle que la quantité de bêtes saines est passée de 70% à 40%. Cette chute est incriminée aux seuls OGM mais le chercheur de l’Inra signale une forte incertitude : « Normalement, un cheptel de cette race affiche un taux de bonne santé proche de 95%. Ce sont des bêtes fragiles mais avoir autant de vaches malades au début de l’étude laisse à penser que l’élevage est réalisé dans de mauvaises conditions. »
L’expert en toxicologie ne s’arrête pas là et s’attaque à ce qui concerne le plus sa spécialité. « Ce papier ne contient pas de rapport anatomo-pathologique, l’équivalent d’une autopsie. Si les OGM étaient responsables de la mauvaise santé des vaches laitières, c’est à cause de la protéine qu’ils produisent pour se protéger des insectes. Mais cette protéine se dégrade lors de la digestion et de nombreuses études ont déjà affirmé qu’elle n’est pas létale. »
L’étude présentée par le CRIIGEN n’a tout simplement pas de valeur scientifique. « C’est dommage, tempère le chercheur de l’Inra. Les questions soulevées par le CRIIGEN ont le mérite d’être posées. La contamination de l’écosystème par les cultures OGM est un point qui mérite plus d’études. » On observe par exemple des mauvaises herbes qui copient les gènes résistants au fameux Roundup de Monsanto. Forçant ainsi les agriculteurs à augmenter les doses d’herbicide. Jusqu’à quand ?
Dans l'actualité
- Une tolérance accrue pour les OGM et pesticides en bio ?
- Prévenir les risques liés aux OGM et aux forages offshore
- Les surfaces OGM mondiales en hausse de 6 millions d’ha en 2014
- Le commissaire à l’agriculture s’engage sur le maintien de l’étiquetage des OGM
- Le Parlement européen ouvre sous conditions l’UE à la culture des OGM
- Les nouveaux OGM en débat !
- 110 prix Nobel défendent les OGM
- Les plantes obtenues par mutagenèse sont des OGM
- Des tournesols et colza tolérants aux herbicides à surveiller
Dans les ressources documentaires