Pour mesurer l’impact du numérique, il faut des données. Des outils ont alors été développés pour analyser l’ensemble du cycle de vie d’un service numérique ou plus particulièrement la partie logicielle.
Nous l’avons vu dans un précédent article, le plus gros impact du numérique concerne sa partie matérielle. Des consortiums, entreprises, laboratoires de recherche réalisent des outils pour permettre d’évaluer l’impact de ces services numériques et amorcer l’écoconception des services numériques. « On ne va pas écoconcevoir le site web en lui-même, mais bien l’acte pour que celui-ci nécessite moins de temps sur le terminal, consomme le moins de bande passante possible et de serveurs possibles et ce, sur des terminaux les plus vieux possibles, précise Frédéric Bordage, créateur de la communauté GreenIT.fr spécialisée dans l’informatique durable. Le choix de conception est d’abord une problématique fonctionnelle et métier avant d’être technique. Et pour cela, on va adopter une posture de sobriété : plus c’est simple, moins il y aura d’impact, plus ce sera fluide et moins cher à maintenir ». Sa société fait partie du consortium d’entreprises composant NegaOctet, un projet de recherche subventionné par l’Ademe pour développer un référentiel d’évaluation des impacts environnementaux des services numériques, basé sur l’analyse du cycle de vie, en vue de leur écoconception.
D’autres entreprises mettent en avant la recherche d’impact liée à la partie logicielle, sans pour autant exclure le matériel. « On ne peut pas dire qu’un logiciel consomme de l’énergie, nuance Thierry Leboucq. Mais un logiciel fait consommer un matériel. Et à partir du moment où vous faites des instructions qui demandent plus de ressources, de CPU, de mémoire, de données, etc., on peut dire qu’il y a impact. Ou alors si le logiciel demande que le matériel soit plus performant pour faire le même traitement, et nécessite un remplacement. »
Et les mails ? Et les vidéos en ligne ?
De nombreux messages circulent sur internet : il faut nettoyer sa boîte mail, réduire la consommation de vidéos en ligne, vider son cloud, etc. « Derrière ces messages concernant les boîtes mails [ou des vidéos, ndlr], il s’agit avant tout de sensibiliser le public aux problématiques du numérique, explique Romain Rouvoy, chercheur dans l’équipe Spirals d’Inria qui a développé l’outil PowerAPI. Pour de nombreuses personnes, il est difficile de se rendre compte que le numérique consomme. Quand on fait une recherche Google par exemple, ce n’est pas juste la consommation du terminal qui est à prendre en compte, mais tout le réseau derrière qui va acheminer la requête, de l’ensemble des serveurs qui vont traiter la donnée – qui a été au préalable indexée – et le réseau qui va rapatrier le résultat de la requête. L’objectif est de faire prendre conscience que ça coûte. Il faut beaucoup de matériels pour avoir la recherche instantanée. »
L’Ademe a de son côté réalisé une sorte de guide intitulé « La face cachée du numérique : réduire les impacts du numérique sur l’environnement » destiné au grand public pour mieux percevoir la consommation de chaque acte numérique. Sans oublier que la partie matérielle est celle qui a le plus d’impact sur l’environnement. « Certains gestes individuels (augmentation de la durée de vie de ses terminaux, utiliser le wifi plutôt que la 4G, etc.) permettent de diminuer directement les impacts environnementaux de nos usages, explique The Shift Project. Nombre d’entre eux visent par contre un objectif différent, mais complémentaire : comprendre et identifier nos besoins réels. »
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