Le Club de Rome annonce la publication de la version française de son livre « Earth for all / Terre pour Tous » le 27 septembre. Elle vise à construire au cours de ce siècle des sociétés qui valorisent la prospérité pour tous plutôt que le profit de quelques-uns.
En 1972, le Club de Rome dévoilait le rapport Meadows « Les limites à la croissance ». Il montrait l’impossibilité d’avoir recours à une croissance économique infinie dans un monde fini. Et aujourd’hui, comment habiter durablement la planète à plus de 8 milliards d’humains ? Comment construire une économie de paix et du bien-être, respecter les limites planétaires et assurer la prospérité de tous ? Cinquante ans plus tard, avec la publication « Earth for All : A Survival Guide for Humanity », le Club de Rome souhaite apporter des réponses à ces larges défis. La version française sera disponible le 27 septembre 2023 aux éditions Actes Sud.
Pour lancer cette nouvelle version, Sandrine Dixson-Declève, co-présidente du Club de Rome et co-autrice d’Earth for All, était aux Universités d’été de l’économie de demain à Paris le 30 août. À quoi ressemblerait donc une économie de la paix ? « Une économie de la paix, c’est une économie de bien-être », répond-elle. Elle prend en compte de nombreux indicateurs, au-delà de la productivité, comme l’instruction, l’éducation, la lutte contre les inégalités et la pauvreté et donne une valeur à la nature. Elle ne dépend ni des dépenses militaires ni des énergies fossiles. « Cette économie de bien-être est aussi une économie systémique qui prend en compte toutes les relations en géopolitique, qui arrête la dépendance à une économie extractive et qui détourne les dépenses qui sont au profit de juste quelques-uns, au profit de tout le monde », ajoute Sandrine Dixson-Declève.
Changer de cap pour une économie juste
Le Club de Rome propose deux scénarios pour parvenir, en une seule génération, à un état de prospérité partagée sur la Terre. « Pour faire ce pas de géant », le Club de Rome identifie cinq « changements de cap » qui rompent avec les tendances actuelles, souligne Sandrine Dixson-Declève. Il s’agit de se concentrer sur la pauvreté et sur les inégalités, de donner plus de poids au rôle de la femme, de changer de système alimentaire et de système énergétique.
Cela est conforme aux travaux mis en lumière par le dernier rapport du GIEC. Les scientifiques insistent en effet sur l’importance de l’inclusion sociale dans les politiques environnementales afin de réussir la transformation écologique. « La métamorphose que l’on doit faire doit se faire très vite, mais elle pourra se faire si et seulement si elle est juste », souligne Yamina Saheb, chercheuse à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), autrice du GIEC.
Alors que la tension sociale continue de s’accroître un peu partout dans le monde, que les inégalités et les tensions se renforcent, ces changements radicaux à venir appellent les gouvernements à davantage impliquer et écouter leurs citoyens. « Chaque seconde qui passe et que l’on reste dans le système économique actuel, c’est du temps perdu qui augmente la vulnérabilité des personnes, prévient Yamina Saheb. Le nombre de déçus ne fait qu’augmenter en France et ailleurs et pourrait se cristalliser autour d’un mouvement beaucoup plus violent ». Sandrine Dixson-Declève abonde en ce sens. « Si les citoyens ne sont pas servis comme ils devraient l’être et si la prospérité n’est pas partagée entre la plupart des citoyens, il y aura une révolution », alerte-t-elle.
Plus qu’un simple livre, Earth for All est une initiative internationale qui explore les moyens à mettre en œuvre pour que les sociétés humaines puissent garantir à leurs populations un niveau de bien-être décent à l’horizon du siècle. Lancée en 2020 par le Club de Rome, la BI Norwegian Business School, le Centre de résilience de Stockholm et l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique, l’initiative a développé un modèle de dynamique des systèmes ultraperfectionné. Il entreprend une analyse systémique en combinant et testant de très nombreux facteurs au sein de grandes régions du monde : le comportement humain, le développement technologique, la croissance économique, la production alimentaire, le changement climatique, un ensemble d’hypothèses et leurs répercussions sur la biosphère et le climat au cours du XXIe siècle.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE