Le bureau français des e-fuels, organisme de promotion des carburants synthétiques en France, publie son deuxième observatoire, intitulé « Faire dès maintenant de la France un champion européen des e-fuels pour décarboner l’industrie et la mobilité lourde ».
La France deviendra-t-elle un champion européen des carburants synthétiques ? C’est ce qu’espère le bureau français des e-fuels, organisme de promotion des e-fuels pour le transport aérien et maritime. Dans son deuxième observatoire, publié fin septembre, il recense 26 projets annoncés publiquement, dont 16 de taille industrielle.
Ces projets représentent une capacité totale de production de 906 000 tonnes d’équivalent pétrole (tep), soit l’équivalent de 6,4 millions de barils. Cette production permettrait de réaliser « 5 600 vols aller-retour entre Paris et New York ou 265 voyages de porte-conteneur entre Shanghai et Le Havre », avance le bureau français des e-fuels. Sous réserve d’un accès à 24 térawattheures (TWh) d’électricité bas carbone et de 2,7 millions de tonnes de CO2, partage le rapport.
Pour rappel, les e-carburants (e-méthanol, e-kérosène, e-méthane et e-ammoniac) sont des carburants liquides ou gazeux synthétisés à partir d’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau et de CO2. Au-delà de 2040, ce CO2 devra être obtenu à partir de la biomasse, ou par captage direct dans l’air. La directive européenne relative aux énergies renouvelables interdit en effet à cet horizon le recours à du CO2 d’origine fossile pour la production de ces carburants. Ils se substituent aux combustibles fossiles existants, sans besoin de modification des infrastructures et des équipements.
Des e-fuels pour l’aérien et pour le transport maritime
Les récents règlements européens ReFuelEU Aviation et FuelEU Maritime misent sur un important développement des carburants de synthèse entre 2025 et 2050. Le secteur aérien projette notamment 1,2 % d’e-fuels renouvelable et bas carbone en 2030 et de 5 % en 2035. Ces décisions influencent grandement les projets : 66,7 % des capacités cumulées de production serviront à produire des « carburants d’aviation durables » (CAD), répartis sur treize projets, calcule l’observatoire.
L’e-méthanol, utilisé principalement pour le transport maritime, ou comme intrant pour la chimie, représente 33,1 % du total, répartis sur quatre projets. L’e-méthane ne représente quant à lui que 0,2 % de la capacité de production, mais neuf projets, principalement de R&D.
Face aux objectifs européens et aux engagements volontaires, le bureau des e-fuels appelle à structurer rapidement la filière. « Au regard du temps de développement et de construction de ces projets, les 18 mois à venir seront déterminants pour permettre à la filière domestique de répondre aux objectifs fixés par la réglementation européenne à horizon 2030 », prévient l’organisation.
Fin décembre 2023, l’Ademe recommandait un déploiement « raisonné » des e-fuels pour ne pas pénaliser les autres secteurs qui auront aussi besoin d’électricité et de CO2 pour se décarboner, comme l’industrie et les transports terrestres. Le scénario « bas » pour atteindre les objectifs européens de décarbonation sur l’aérien et le maritime présentait des leviers de sobriété des usages, basés sur les scénarios Transition(s) 2050 de l’Ademe. Les ressources à mobiliser s’élèveraient dans ce scénario de 44 à 68 TWh d’électricité, soit l’équivalent d’au moins 3 EPR, et de 5,8 à 7,3 millions de tonnes de CO2 biogénique.
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