Découpez une fine lamelle de bois de moins d’un millimètre d’épaisseur et vous pourrez observer une légère transparence. Joli, mais peu pratique pour le gros œuvre.
Heureusement, une jeune entreprise a décidé de proposer des planches en bois transparent. Dans la boîte à malice de Woodoo : des polymères biosourcés qui, une fois injectés dans le bois, lui permettent de laisser passer 10 à 20 % de la lumière. Un bois aggloméré de plus ? Non, selon Timothée Boitouzet, co-fondateur de la Start-up.
« Avec ce matériau, on garde la structure du bois et on l’améliore en remplaçant l’air et la lignine par un plastique transparent et biosourcé. »
Le bois est alors plus dense, il gagne en résistance ce qu’il perd en légèreté et souplesse. Cette perte de propriétés n’est pas un problème, d’après le chercheur :
« Le but est de rendre compétitifs et intéressants les arbres français qui sont généralement laissés pour compte »
Il est vrai que le bois de nos forêts ne fait pas recette dans le bâtiment. Le hêtre des Vosges, le peuplier du nord ou le chêne de l’ouest sont cantonnés à des utilisations secondaires comme la production d’aggloméré ou sont destinés à être brûlés dans des centrales biomasses. Selon le co-fondateur de l’entreprise Woodoo, Timothée Boitouzet :
« La France est la première puissance européenne en matière de volume de bois sur pied (2.4 milliards de m³ disponibles). Elle est également l’une des dernières à l’utiliser dans le secteur du bâtiment (48% de ces ressources sont inexploitées) » explique l’ingénieur. « Le développement du matériau constituerait un renouveau de la filière bois qui manque aujourd’hui d’innovation pour être compétitive. »
Encore au stade de la recherche, les polymères utilisés permettent aujourd’hui de fabriquer des planches d’un centimètre d’épaisseur. Pour les professionnels du secteur, l’idée est intéressante et s’inscrit dans l’effervescence de la recherche sur les bois composites.
« L’imagination n’a pas de limite dans ce secteur, indique le professeur Denys Breysse, de l’Institut de mécanique et d’ingénierie de Bordeaux. Mais on perd les gros avantages du bois : sa légèreté et son cycle de vie. »
Cet avis est partagé par Olivier Bertin, Ingénieur de l’École nationale supérieure des technologies et industries du bois (Enstib).
« Le bois est très intéressant car biodégradable. Lorsque le bois est augmenté par d’autres matériaux, il perd cet intérêt et doit être enfoui ou brûlé en incinérateur. Mais si le plastique diffusé dans le bois est biosourcé et biodégradable, comme l’annonce l’entreprise, ce matériau pourrait être visionnaire ! »
Par Baptiste Cessieux
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