Environ 12% de la population entre 65 et 75 ans présente cette pathologie dont la prévalence pourrait augmenter de près de 50% d’ici 2020 du fait du vieillissement de la population. Face à ce fléau qui représente la première cause de déficience visuelle après 50 ans, et pour laquelle il n’existe aucun traitement curatif mais uniquement des dispositifs d’aide à la vision encore peu satisfaisants, la paire de lunettes dite « intelligente » mise au point par Light Vision, une jeune entreprise de l’incubateur de l’Institut de la Vision à Paris, constitue une solution extrêmement intéressante et prometteuse. Une centaine de ces lunettes pourrait être mise à disposition des premiers patients dès la fin de cette année.
« La DMLA, nous y travaillons depuis déjà plusieurs années », a rappelé Daniel Aït-Yahiatène, président de Light Vision, lors du Congrès Vision Innovation, intitulé « Mieux voir ensemble pour mieux voir demain », qui s’est tenu le 10 février dernier à la Maison de l’Unesco à Paris. Dès les années 2000, alors qu’il travaillait dans le domaine des lasers médicaux, celui-ci a eu l’idée en effet de projeter une image directement dans l’oeil d’une personne atteinte de DMLA et s’est rendu compte que l’on pouvait ainsi accroître son acuité visuelle. Quelques années plus tard, les technologies ayant progressé, il a repris cette idée pour la développer en collaboration avec un membre de sa famille, Olivier Aït, qui terminait alors sa formation d’ingénieur en informatique au sein de l’Epitech. « Il s’agissait de voir l’état de l’art et si nous pouvions parvenir à développer un produit efficace commercialisable », résume celui qui occupe aujourd’hui le poste de responsable technique au sein de Light Vision. Et au fil des mois, l’idée de créer une entreprise autour de cette thématique a germé. Lauréat, deux années successives, en « émergence » puis en « création », à l’occasion du Concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes, leur projet les a conduit en novembre 2011 à créer Light Vision, une entreprise localisée à Paris, au sein de l’incubateur de l’Institut de la Vision.
Après avoir validé leur concept sur des personnes atteintes de DMLA courant 2012, Daniel et Olivier ont donc conçu un démonstrateur de ces lunettes, nécessaire à la validation de l’ensemble de ses parties actives, qu’ils ont finalisé à la mi-2013, pour déboucher enfin sur la réalisation d’un premier prototype, de type fil de fer, en 2014. Celui-ci est équipé d’une caméra permettant de filmer le champ extérieur, l’image obtenue étant traitée ensuite par un logiciel informatique développé par cette jeune entreprise. « Ce dernier va notamment augmenter les contrastes, voire inverser les couleurs, l’objectif étant d’adapter automatiquement ces lunettes à la vision de celui qui les porte », précise le président de Light Vision. L’image traitée est alors envoyée sur la partie encore utilisable de la rétine du patient. D’où la nécessaire incorporation dans ces lunettes d’un système dit de « Eye-tracking » qui permet de suivre le mouvement de la pupille. Aujourd’hui, l’équipe de Light Vision est entrée dans une nouvelle étape, celle de la miniaturisation qui devrait se poursuivre tout au long de cette année, avec l’objectif de produire une centaine de lunettes, « celles-ci devant être mises à disposition des premiers patients ». Autant de travaux, menés en particulier avec l’Université de Haute Alsace, qui ont donné lieu au dépôt de deux brevets et dont la réalisation auraient été impossible sans la présence et l’appui de l’Institut de la Vision, « essentiel notamment pour effectuer nos tests, prévoir nos protocoles et, plus généralement, valider l’ensemble du concept », tient à souligner Daniel Aït-Yahiatène.
Ces lunettes dont les premiers exemplaires pourraient être commercialisés en 2016, le président de Light Vision les compare tout simplement aux prothèses auditives qui, de leur côté, ont su progressivement s’imposer auprès d’un public sans cesse grandissant dont la particularité est d’entendre moins bien en vieillissant. « Dans le futur, nous souhaiterions nous intéresser à d’autres pathologies de la vision », indique Olivier Aït qui ajoute en guise de conclusion : « il faut nécessairement innover si nous voulons franchir de nouvelles étapes et réussir à occuper une place significative sur ce marché où sont présents de sérieux concurrents ».
Source : bulletins électroniques
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