Décryptage

DIAPORAMA – Les catastrophes industrielles qui ont éveillé les consciences

Posté le 28 juillet 2011
par La rédaction
dans Environnement

En 50 ans, de grandes catastrophes industrielles ont entraîné la prise de conscience des risques industriels. Retour en images sur les plus grands accidents qui ont marqué l'Histoire et l'Humanité.

La catastrophe de Seveso, 1976

Le 10 juillet 1976, un accident chimique catastrophique survient à Icmesa, usine chimique italienne produisant des herbicides, et touche quatre communes dont Seveso, située au nord de l’Italie en Lombardie.

La cuve 101 du réacteur dans lequel était produit du trichlorophénol (TCP) explose. La pression, due à une température excessive (230 °C) de la vapeur stagnant dans les conduites, combinée avec l’arrêt du mélangeur avant l’achèvement du cycle, provoque la rupture d’une valve de sécurité sur le disque de fermeture. Il s’en suit  la libération d’un nuage rougeâtre  toxique dans l’atmosphère. Ce nuage contenait 2,5 kg de TCDD (2,3,7,8-tetrachlorodibenzodioxine) – considérée comme la plus toxique de toutes les dioxines – soit 500 000 doses mortelles pour l’homme. Il contaminera 2 000 hectares de terres situées autour de l’usine.

Les habitants les plus proches de l’usine sont évacués, les animaux décédés (3 300) ou abattus (81 000), des bâtiments rasés et des sols agricoles et maisons décontaminés. On estime à 37 000 le nombre de personnes ayant été exposées à la toxicité du nuage, bien qu’aucun décès n’y soit directement lié.

Sur le plan médical, 250 cas de chloracnée (brûlures chimiques de la peau), concernant essentiellement les enfants et adolescents, sont diagnostiqués et des cas de cancers ou de malformations congénitales sont redoutés, entrainant la pratique exceptionnelle d’avortements.

240 millions de dollars ont servis au dédommagement des habitants, entreprises, communes concernées, la région de Lombardie et l’Etat italien.

Suite à cette catastrophe environnementale transitant vers la plus grande catastrophe depuis Hiroshima et devenant une prise de conscience, les autorités européennes décident de réagir et publient en 1982 la directive dite « SEVESO I », imposant le recensement des établissements industriels présentant des risques d’accidents majeurs. En 1999 la directive « SEVESO II » est publiée.

La catastrophe de Bhopal, 1984

Bhopal, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, des dizaines de milliers d’indiens sont dans les bras de Morphée, dans leur « bastis », bidonvilles collés à l’usine américaine de pesticides, Union Carbide. Ils n’imaginent pas ce qui vient de se passer, mais une étrange odeur leur est perçue : un gaz très toxique. Leurs yeux les irritent, le gaz s’engouffre dans les poumons. En insuffisance respiratoire, ils suffoquent ou perdent connaissance. L’une des plus grandes catastrophes industrielles de tous les temps est survenue.

 

La catastrophe de Bhopal, 1984

Une cuve d’isocyanate de méthyle (MIC) a explosé, libérant dans l’atmosphère un nuage de 40 tonnes de gaz toxique – dont la composition reste encore inconnue à ce jour – qui se répand sur une étendue de 25 m2 de la ville.

Union Carbide, aujourd’hui dénommée Dow Chemical, était connue pour sa production du « Sevin », nom commercial du carbaryl. L’usine fabriquait le pesticide en utilisant de l’isocyanate de méthyle (MIC), produit particulièrement instable qui doit être conservé à une température maximale de O°C. En effet, en réaction avec l’eau, le MIC produit de la chaleur.

Lors de l’accident, de l’eau s’est ainsi infiltré dans la cuve n°610 contenant du MIC. Suite à la réaction, la température a atteint 200°C, provoquant l’explosion de la cuve qui montait en pression.

La catastrophe de Bhopal

 

Le nuage toxique aurait provoqué la mort de 15 000 personnes au total et 250 000 personnes auraient été intoxiquées et blessées, un bilan qui demeure incertain.

La liste provoquée par l’inhalation du gaz toxique est longue : problèmes ophtalmologiques, troubles respiratoires chroniques, troubles neurologiques, troubles gynécologiques ou augmentation du nombre des cancers.

La catastrophe de Bhopal, 1984

Aujourd’hui encore, le site est pollué. Le gouvernement du Madhya Pradesh, propriétaire du site, n’évoque pas la dépollution totale. L’évacuation des déchets, le traitement du sol et des nappes phréatiques ne sont clairement pas au rendez-vous si ce n’est l’évacuation de 40 tonnes de sacs de pesticides en cours de réalisation.

Une chose est certaine, cette grande catastrophe industrielle restera ancrée dans l’Histoire et dans celle des habitants, continuant à vivre dans le même environnement pollué.

La catastrophe de Tchernobyl, 1986

C’était il y a 25 ans. Le samedi 26 avril 1986, un programme d’essais faisant entorse aux règles de sûreté vire au cauchemar. A 1 h 23 min, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl explose. La gravité de l’accident, mais aussi et surtout l’incurie des autorités soviétiques à tous les niveaux, ont fait de Tchernobyl la plus grande catastrophe du nucléaire civil, un désastre humanitaire et écologique.

La catastrophe de Tchernobyl, 1986

L’incident est venu d’un emballement du réacteur alors que la centrale était en marche et effectuait un exercice. Une série d’erreurs humaines lors de cet exercice de sûreté a déclenché une suite d’événements incontrôlables. Le réacteur de Tchernobyl était déjà assez instable à bas régime, l’expérimentation a fragilisé encore plus le système.

Mycle Schneider, consultant indépendant, explique :

« C’est une combinaison de facteurs humains et de conception. Manuellement, les systèmes de sûreté ont été stoppés. En 4 secondes, le réacteur a atteint environ cent fois sa puissance habituelle, une libération d’énergie, donc une explosion, qui a ensuite entraîné la destruction du réacteur. »

La catastrophe de Tchernobyl, 1986

L’accident a envoyé dans l’atmosphère un panache de retombées radioactives, équivalentes à 200 bombes d’Hiroshima et pollué un territoire de 160 000 km2 répartis dans le nord de l’Ukraine, l’ouest de la Russie et le sud-est de la Biélorussie. Il s’en est suivi un puissant incendie que 400 000 « liquidateurs » – 600 000 en 4 ans – étaient chargés d’éteindre, fortement exposés aux radiations et sans protection adaptée.

« Ce qui a causé la dissémination de matières radioactives est essentiellement l’incendie des 600 tonnes de graphite que contenait le cœur, incendie qui a entraîné dans l’atmosphère l’essentiel des produits de fission contenus dans le cœur. Cet incendie a pu avoir lieu parce que l’explosion d’hydrogène a eu lieu à l’intérieur de l’enceinte de confinement et a rompu cette dernière, et exposé le graphite à l’oxygène de l’air. », déclare Jean-Marc Jancovici, concepteur de la taxe carbone.

Selon un rapport de l’ONU de 1995, le nombre de victimes directes et indirectes de cet accident a atteint 9 millions mais le bilan demeure incertain.

La catastrophe de Tchernobyl, 1986

 

Pour protéger le site, les liquidateurs ont bâti dans l’urgence un sarcophage sur l’enceinte éventrée du réacteur, à l’heure actuelle trop fragile.

Selon l’Agence pour l’énergie atomique (AEN), « l’enveloppe n’est pas étanche. Le sarcophage n’a jamais été destiné à apporter une solution permanente au problème du confinement du réacteur accidenté. Il s’ensuit que cette solution temporaire risque fort d’être instable à long terme. Autrement dit, il y a une possibilité d’effondrement qui doit être corrigée par une solution technique permanente ».

Le 19 avril dernier, la communauté internationale a débloqué 550 millions d’euros pour le financement des travaux d’aménagement d’un nouveau sarcophage à Tchernobyl pour y remédier.

La catastrophe d’AZF, Toulouse, 2001

Le 21 septembre 2001 à Toulouse, survient la plus grande catastrophe industrielle française dans l’usine pétrochimique d’engrais AZF (AZote Fertilisants), classée Seveso II.

La catastrophe d’AZF, Toulouse, 2001

 

Un stock de 300 à 400 tonnes de nitrate d’ammonium (NH4NO3) dans le hangar 221 de l’usine explose, creusant un cratère de forme ovale de 70 mètres de long et 40 mètres de largeur, et de 5 à 6 mètres de profondeur. La détonation est entendue à plus de 80 Km et crée un séisme de magnitude 3,4.

L’explosion aura provoqué la mort de 30 personnes et fait plus de 2500 blessés, touchés directement par le souffle de l’explosion ou indirectement par des objets portés par ce souffle (éclats de verre).

Selon l’Institut de veille sanitaire, de nombreuses personnes souffrent de désordres psychiques (dépressions, angoisses, insomnies), mais aussi de problèmes auditifs. Dix-huit mois après l’explosion, quelque 14 000 personnes étaient toujours sous traitement pour pouvoir dormir, calmer leurs angoisses ou soigner une dépression.

La catastrophe d’AZF, Toulouse, 2001

L’explosion a également provoqué des dommages matériels importants causés aux constructions et bâtiments (25 000), l’usine étant implémentée dans une zone urbanisée à proximité du centre-ville.

La thèse officielle de l’accident renvoie à l’erreur humaine : un employé d’une entreprise sous-traitante d’AZF aurait accidentellement renversé, ¼ d’heure avant l’explosion, 500 kg de produit chloré pour piscines (DCCNa ou Dichloroisocyanurate de sodium) réagissant avec le nitrate d’ammoniom « stocké en vrac », ce qui aurait provoqué la déflagration. Cependant, cette thèse ne relève pas de « lien de causalité certain » entre les fautes et le dommage et ne tient pas compte des nombreux témoignages d’une détonation antérieure ou d’événements électromagnétiques précurseurs de l’explosion (bang magnétique perçu, enregistré sur magnétophone et analysé).

D’autres thèses ont été étudiées :

La catastrophe de Buncefield, Grande Bretagne, 2005

Le dimanche 11 décembre 2005, une série de trois explosions frappent le terminal pétrolier de Buncefield, à 40 kilomètres de Londres.

Les puissantes déflagrations, de magnitude 2,4 à l’échelle de Richter, sont entendues à 200 Km et ressenties jusqu’en France et en Belgique. Elles déclenchent alors un gigantesque incendie,

La catastrophe de Buncefield, Grande Bretagne, 2005

L’incendie a été maîtrisé le 13 décembre 2005 avec 15 millions de litres d’eau déversés et 250 000 litres d’émulseur. Il aura fait 43 blessés, un bilan humain « miraculeux » selon la police locale, du fait de son ampleur et de la notoriété du site, étant l’un des cinq plus grands dépôts de carburant du Royaume-Uni.

« Si l’explosion s’était produite un jour de semaine, le bilan en vies humaines aurait pu atteindre des dizaines, voire des centaines de victimes », a déclaré le juge Sir David Calvert-Smith du tribunal de Saint Albans.

La catastrophe de Buncefield, Grande Bretagne, 2005

La catastrophe est à l’origine d’un débordement de 300 tonnes de pétrole contenu dans une citerne du dépôt. Les fuites d’hydrocarbures auraient alors provoqué un panache de fumée noire qui s’est répandu violemment sur le tout le site avant de s’embraser.

Selon le chef des pompiers du Hertfordshire, Roy Wilsher, la catastrophe de Buncefield est le plus grand incendie en Europe qui se soit déclaré en temps de paix.

Par Angélica Tavares Costa