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Dialogue de Petersberg : des paroles en attendant les actes

Posté le 1 mai 2020
par Matthieu Combe
dans Environnement

Le 11e dialogue de Petersberg s’est déroulé en ligne les 27 et 28 avril. Il a lancé un appel pour poursuivre l’action climatique malgré la crise sanitaire. Les États sont invités à prendre en compte le climat dans leurs plans de relance économiques.

Le dialogue de Petersberg se déroule chaque année en amont de la COP sur le climat. Organisée habituellement dans le centre de Berlin, la réunion politique de haut niveau s’est déroulée pour la première fois en ligne, crise sanitaire oblige. Une trentaine de ministres se sont réunis autour de la chancelière allemande, du président de la COP26 Alok Sharma et du secrétaire général des Nations Unies António Guterres. Parmi eux : les ministres des plus grands émetteurs – États Unis, Chine, Inde, Russie, Japon –, de plusieurs États membres de l’Union Européenne – France, Italie, Espagne, etc. – et des pays en développement – îles Marshall, Gabon, etc.

La conférence en ligne a permis d’envoyer un message clair : il ne faut pas oublier le climat dans les plans de relance. Une fois cela dit, force est de constater le manque d’annonces concrètes pour y parvenir. « L’Europe doit devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050, a rappelé Angela Merkel. C’est pourquoi je salue l’objectif intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE de 50 à 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 ». La chancelière allemande a également rapproché la crise climatique et la crise de la biodiversité, les qualifiant « d’une importance majeure ». António Guterres en a profité pour appeler les États membres du G20 à s’engager pour la neutralité carbone d’ici 2050, car ils émettent 80 % des gaz à effet de serre mondiaux.

Le Green Deal européen, boussole de la relance européenne

Pour la première fois, la chancelière allemande apporte son soutien à ce nouvel objectif climatique intermédiaire pour 2030. C’est une avancée en soi. Pourtant, les associations membres du Réseau Action Climat auraient aimé qu’elle annonce un engagement encore renforcé. En effet, pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, elles estiment que les émissions de l’UE devraient diminuer d’au moins 65 % d’ici 2030. Une bonne nouvelle est toutefois à noter : suite au tollé soulevé par la nouvelle contribution nationale du Japon communiquée fin mars, le pays a annoncé qu’il publierait de nouveaux engagements.

Angela Merkel apporte son soutien au Green Deal. Elle a rappelé qu’il faudra rester vigilant alors que plusieurs associations d’entreprises de divers secteurs font du lobbying pour essayer de reporter ou d’annuler certaines réglementations environnementales. En particulier, la Confédération Européenne de la plasturgie (EuPC) demandait récemment à la Commission européenne un report de l’application de la Directive SUP sur les plastiques à usage unique. Concernant les milliards mobilisés par les États pour relancer leur économie, la chancelière a estimé qu’« il y aura un débat difficile sur l’allocation des fonds ». « Nous ne devons pas écarter le climat, mais investir dans les technologies climatiques », a-t-elle complété.

L’Allemagne exercera la présidence du Conseil de l’UE au cours du second semestre 2020. Angela Merkel n’a pas avancé de plan concret sur la manière dont l’Allemagne contribuera à la réalisation des objectifs climatiques de l’Union européenne. Elle n’a pas non plus donné d’informations sur la manière dont elle utilisera sa gouvernance pour encourager les pays européens à fournir leurs nouvelles contributions nationales avant fin 2020. Elle a toutefois plaidé en faveur des investissements dans des infrastructures respectueuses du climat et de la tarification carbone en Europe et dans le monde pour prévenir les distorsions de concurrence.


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