Une équipe de roboticiens de l'EPFL et d'économistes de l'Université de Lausanne ont développé une méthode pour calculer quels emplois risquent le plus d'être exécutés par des machines dans les prochaines années. Un outil qui pourrait faciliter la reconversion.
Étudiants, avant de vous lancer dans des études plus ou moins longues, vérifiez si votre prochain emploi ne sera pas assuré par une machine ou un logiciel. Selon cette étude suisse, qui a étudié 1 000 emplois, les « physiciens » présentent le risque le plus faible d’être remplacés par une machine. À l’opposé, les « abatteurs et emballeurs de viande » affichent le risque le plus élevé.
D’une manière générale, les emplois liés à la transformation des aliments, au bâtiment et à l’entretien, ainsi qu’à la construction et à l’extraction semblent présenter le risque le plus élevé.
Pour le savoir, il suffit d’aller sur ce site et de taper en anglais, par exemple « Automotive Engineers » pour voir le résultat ci-dessous :
Pour établir ce diagnostic, deux équipes suisses ont comparé des études techniques (articles de recherche, brevets…), économiques et scientifiques. Elles se sont notamment appuyées sur la feuille de route pluriannuelle (pour la période allant de 2021 à 2027) européenne H2020 pour la robotique (MAR ou « Multi-Annual Roadmap »), un document stratégique de la Commission européenne qui est périodiquement révisé par des experts en robotique.
Cette roadmap décrit des dizaines de capacités exigées des robots actuels ou susceptibles d’être exigées par les futurs robots, organisées en catégories telles que la manipulation, la perception, la détection et l’interaction avec les humains.
Les chercheurs suisses ont évalué le niveau de maturité des capacités robotiques en utilisant une référence bien connue, la « Technology readiness level » (TRL), un « niveau de préparation technologique » développé à la NASA dans les années 70.
Améliorer les politiques de reconversion
Pour les capacités humaines, les deux équipes se sont appuyées sur O*net (Occupation Information Network), une base de données américaine d’environ 1 000 professions classées en termes d’aptitudes (attributs durables de l’individu), de compétences (capacités développées/formées) qu’ils requièrent.
Après avoir fait correspondre de manière sélective les capacités humaines de la liste O*net aux capacités robotiques du document MAR, les deux équipes ont pu calculer la probabilité que chaque emploi existant soit exercé par un robot.
Publiée dans Science Robotics, leur étude pourrait être utilisée par les États pour mesurer le nombre de travailleurs susceptibles d’être confrontés à des risques d’automatisation dans de nombreux secteurs. Principale originalité, elle ne se limite pas aux impacts de l’intégration de robots logiciels (comme la reconnaissance de la parole et des images, les chatbots, etc.) qui concerne le tertiaire. Elle s’intéresse aussi aux robots intelligents qui effectuent un travail physique.
Les gouvernements pourraient ainsi adapter leurs politiques de reconversion, les entreprises évalueraient les coûts d’une automatisation croissante et les fabricants de robots seraient capables d’adapter leurs produits aux besoins du marché.
Ces données seraient également très utiles aux étudiants et autres personnes en reconversion pour se repositionner sur le marché du travail vers des emplois moins à risque. Ces scientifiques ont en effet créé une méthode permettant de trouver, pour un emploi donné, des emplois alternatifs présentant un risque d’automatisation nettement inférieur.
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