Sera-t-il bientôt possible de générer des émissions de CO₂ négatives à l’échelle mondiale ? C’est l’objectif de Carbon Engineering. L’entreprise estime qu’elle pourra extraire du CO₂ de l’atmosphère à l’échelle industrielle, à moins de 100 dollars la tonne de CO₂ captée, purifiée et comprimée à 150 bars, dès 2021. Le CO₂ ainsi capturé pourra être séquestré de façon permanente pour avoir des émissions négatives. Il pourra aussi servir à la synthèse de produits chimiques et de carburants synthétiques – de l’essence, du diesel ou du kérosène – en combinaison avec de l’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau alimentée aux énergies renouvelables.
Fin mars, l’entreprise a annoncé l’obtention d’un financement de 68 millions de dollars. Parmi les multiples investisseurs, citons la compagnie pétrolière Chevron, l’entreprise minière BHP et le milliardaire Bill Gates. Avec ce financement, la société prévoit de construire ses premières installations commerciales à échelle industrielle. « Notre technologie éprouvée de captage du CO₂ atmosphérique permet de capturer un million de tonnes de CO₂ par an avec chaque installation commerciale, assure l’entreprise. Cette quantité de CO₂ équivaut aux émissions annuelles de 250 000 voitures en moyenne. »
Vers un carburant atmosphérique ?
Depuis 2015, un démonstrateur permettant de purifier environ une tonne de CO₂ par jour est en activité à Squamish, en Colombie Britannique, au Canada. Depuis 2017, un autre démonstrateur génère environ un baril de carburant par jour. L’entreprise valide actuellement son modèle pour déployer les premières usines commerciales en 2021. Après la Colombie-Britannique et la Californie, l’entreprise projette un marché mondial.
Dans son rapport spécial sur un réchauffement planétaire de 1,5°C, le GIEC appelle à développer les technologies de capture et d’élimination du CO2. Carbon Engineering imagine que ses machines pourraient devenir aussi répandues que le sont actuellement les stations d’épuration dans les pays développés. L’Inde, la Chine, des pays d’Amérique du Sud et d’Europe auraient fait part de leur intérêt, souligne Radio Canada.
Carbon Engineering est en concurrence avec la start-up suisse Climeworks qui compte déjà une quinzaine de démonstrateurs en activité en Europe. Mais à 600 dollars la tonne de CO2 extraite de l’atmosphère, son coût demeure encore prohibitif. Selon Le Temps, l’entreprise espère retirer 1 % du dioxyde de carbone émis dans le monde d’ici à 2025. Elle travaille donc à l’industrialisation de la technologie et à la réduction des coûts pour imaginer une production de masse.
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