Plusieurs députés européens ont été contactés pour discuter en visioconférence avec des responsables de l’opposition russe. Problème, il s’agirait de deepfake imitant ces représentants russes.
En Estonie, Lituanie, mais aussi aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, plusieurs hommes politiques ont récemment été trompés en pensant qu’ils parlaient à Leonid Volkov, un homme politique russe et chef de cabinet de la campagne d’Alexei Navalny pour l’élection présidentielle de 2018.
Les députés qui ont suivi cette visioconférence ont vite constaté que quelque chose n’allait pas et que l’image floue était suspecte. Il pourrait donc s’agir d’un deepfake, mais il serait nécessaire de voir la vidéo enregistrée sur Zoom pour en être sûr. Pour l’instant, aucune vidéo n’a été mise en ligne.
Ce terme de deepfake fait référence au deep learning, une sous-catégorie de l’intelligence artificielle. Les algorithmes d’apprentissage profond (ou « deep learning »), qui apprennent par eux-mêmes à résoudre des problèmes lorsqu’ils reçoivent d’importants volumes de données, sont utilisés pour échanger des visages dans des vidéos afin de créer des faux d’apparence réaliste.
Selon Leonid Volkov, un allié de Navalny, un duo russe nommé Vovan et Lexus serait derrière cette supercherie. Il s’agit des pseudonymes respectifs de Vladimir Kuznetsov et d’Alexey Stolyarov. Ce duo est connu en Russie pour se moquer ou berner des opposants au Kremlin, des dirigeants mondiaux ou des stars. Parmi leurs victimes, il y a au l’ancien dirigeant soviétique Gorbatchev, le président turc Erdogan, le chanteur Elton John et le prince Harry.
Un faux Trump
Même si cette supercherie a été vite démasquée et n’a pas eu de conséquences politiques, elle confirme que le deepfake fait dorénavant partie des méthodes utilisées pour tenter de déstabiliser un pays ou cibler des hommes politiques. En 2018, un parti politique belge a publié une vidéo de Donald Trump prononçant un discours appelant la Belgique à se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Mais l’ancien président des États-Unis n’avait jamais prononcé ce discours. Il s’agissait d’un deepfake.
Le service estonien de la sécurité extérieure avait alerté de la probabilité d’une telle future menace. « À l’avenir, les services russes sont susceptibles d’exploiter la technologie deepfake. Cette menace sera particulièrement élevée lorsque le développement technologique atteindra un niveau tel que les “deepfakes” seront suffisamment convaincants pour être méconnaissables à l’œil humain. Il sera alors plus difficile pour le public de distinguer les fausses informations de la vérité », peut-on lire dans leur rapport.
Le défi reste en effet de les détecter à temps.
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