Plus d’un milliard de pneus sont produits chaque année dans le monde, dont près de la moitié en Amérique du Nord… Leur élimination après usage représente tout un défi. Une grande partie d’entre eux sont utilisés comme combustible dans les fours à ciment, processus qui produit de grandes quantités de gaz carbonique (CO2) qui contribue au réchauffement planétaire.
Mais il faut aussi tenir compte du CO2 produit par les pneus simplement par leur utilisation. On estime qu’une voiture consomme 20 % de son carburant simplement pour contrer la résistance au roulement de ses pneus. Ce phénomène est responsable de plus de 4 % des émissions de CO2 provenant de combustibles fossiles à travers le monde. Il est possible de fabriquer des pneus qui « roulent » mieux mais cela nuit à leur adhérence et leur durabilité. Le défi des manufacturiers a toujours été de combiner ces trois éléments, connus sous le terme de « triangle magique », de manière à avoir le meilleur roulement sans trop sacrifier l’adhérence et la durabilité. Pendant longtemps, le noir de carbone, un composé provenant de la combustion incomplète du goudron, était l’additif au caoutchouc qui donnait les meilleurs résultats. Mais en 1992, les chercheurs de Michelin sont arrivés à conquérir « le triangle magique » avec un nouvel additif révolutionnaire. Ils ont remplacé le noir de carbone par des dérivés de la silice, une technologie qui, d’un seul coup, a réduit la résistance au roulement de près de 30 %, réduisant la consommation d’essence et donc, la production de CO2. Voilà qui représente une belle contribution de la part d’un matériau tout simple. Car la silice est tout simplement le composé dont le sable est constitué.
Par Ariel Fenster, professeur à l’Université McGill (Canada), et membre fondateur de l’Organisation pour la Science et la Société