Finaliste en 2017 du challenge Industrie du Futur organisé par ATOS et SKF, en partenariat avec Techniques de l’Ingénieur, Expert Téléportation est une jeune société dont le cœur de métier est d’éditer et développer une solution qui place l’expert aux côtés du technicien, dans l’usine.
Interview de Frédéric Pedro, CEO et cofondateur de la startup, premier et le seul intégrateur mondial sur lunettes connectées.
1/ Vous avez été finaliste du start-up challenge SKF Atos 2017, dans la catégorie « Usine 4.0 ». S’en est suivi un travail avec un mentor. Quel retour d’expérience pouvez-vous en faire ?
Nous avons remporté près de 20 prix industriels, nous avons vu de nombreuses approches. Celle de SKF était très intéressante. Le mentor SKF avait pour objectif de nous ouvrir son carnet d’adresse dans son entreprise. Nous avons pu ainsi organiser près de 30 interviews auprès d’opérationnels. Notre étude démontrait que 9 responsables techniques SKF sur 10 avaient des pertes d’exploitation chaque année car ils doivent attendre le déplacement d’un expert, souvent déjà très sollicité et basé dans une autre ville avant de pouvoir de réparer les équipements de l’usine. Nous avions trouvé de nombreux cas d’usages, fait des dizaines de meetings sur place, des opérationnels étaient motivés mais ils ont eu des refus d’obtention de budget innovation.
La démarche innovation est encore nouvelle dans les grands comptes, il y a souvent un décalage important entre la théorie et la réalité. La plupart des concours industry 4.0 servent en général de première étape d’acclimatation à l’existence d’innovations, montrer qu’il est possible de travailler autrement. Sans budget, voire de service achat spécialement dédié, les initiatives s’arrêtent vite.
2/ Un an après, où en êtes-vous ?
Nous avons remporté plusieurs autres concours : EDF Pulse, La Tribune Industry 4.0 Sud Ouest ou encore Shell Industry 4.0 (LiveWire), qui a détaché des ressources pendant plusieurs mois (RH, juridique, commerciale, etc.) pour nous structurer. Notre offre a continué à s’enrichir : nous supportons des milieux très complexes (jusqu’à des atmosphères explosives), avons eu une labellisation de la Direction Générale de l’Armement, avons mis en place des démarches qualités ISO, etc.
Surtout, nous avons développé notre chiffre d’affaire dans plusieurs pays, avec notamment des clients dans l’énergie et l’aéronautique, deux secteurs très concernés par la disponibilité du matériel. Nous sommes très fiers d’accompagner dans leur transition digitale des sociétés comme Caterpillar (Eneria, Bergerat Monnoyeur, Aprolys), Airbus, Safran ou encore EDF.
3/ Quelle vision avez-vous de cette Usine 4.0 ?
Dans un monde où les innovations de service deviennent un enjeu stratégique de différenciation et d’amélioration de la performance, l’industrie du futur permet de passer de technologies permettant de faire un « constat » (téléphone, email, photo, Skype…) à des technologies d’action immédiate et préventive. Comme d’autres solutions nouvelle génération, Expert Teleportation est une innovation de rupture, similaire à l’arrivée des téléphones portables, GPS et d’internet dans les entreprises.
Les cas d’usages sont spectaculaires : productivité accrue, réduction de coûts, disponibilité du matériel, outil de formation en continue, amélioration des conditions de travail, etc. En une seule opération à Sendou (Sénégal), EDF a ainsi économisé plus de 40.000€ de salaire, près de 10.000€ de frais logistique et l’équivalent de 2600 arbres sauvés en équivalent carbone.
L’industrie du futur, c’est à la fois repenser l’usine pour être plus productive mais aussi avec un impact social. Une autre manière de travailler. Ce n’est pas qu’une opportunité, il n’y a plus vraiment le choix. 260 entreprises du Fortune 500 ont disparu les 15 dernières années ! Si les industriels étaient un des derniers bastions épargnés, aujourd’hui il y a des startups qui fabriquent des fusées beaucoup moins chères et réutilisables ! La dernière étude de la Banque Publique d’Investissement indiquent qu’un quart des ETI industrielles françaises vont disparaître d’ici 3 à 5 ans car elles n’auront pas réussi leur transformation digitale.
La France a clairement un terreau de startups et de technologies disruptives les plus impressionnants au monde. Les industriels français ont une carte à jouer. Ceux qui vont prendre un avantage décisif sont ceux qui vont privilégier la collaboration et développer l’innovation. Nous, la collaboration grand compte et startup, non seulement on y croit mais on sait que c’est possible !
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