L'accélération dans la construction et la rénovation de bâtiments aux normes pourrait contribuer à l'efficacité énergétique, estiment les représentants de lobbys bruxellois. Selon eux, des contraintes sont nécessaires.
Les normes sur l’efficacité énergétique en Europe font l’objet de débat depuis un an. Dans ces discussions, l’adaptation des constructions aux normes environnementales est centrale. Selon la Commission, les bâtiments représentent 40 % de la consommation d’énergie et génèrent 36 % des gaz à effet de serre.
Des déchets comme matériaux de construction
Rendre les habitations et les entreprises plus efficaces, et l’énergie qui les alimente plus durable, sont deux objectifs mentionnés dans nombre de textes européens. L’objectif de l’UE est de réduire la demande énergétique des constructions résidentielles et commerciales de plus de 80 % d’ici 2050.
Ceci passe par une meilleure isolation, et par des conceptions écologiques (l’utilisation de déchets comme matériau de construction, par exemple). Bruxelles souhaite ainsi réduire l’empreinte environnementale des nouvelles constructions. Pour Adrien Joyce, directeur d’EuroACE, un lobby bruxellois d’entreprises pour l’efficacité énergétique des bâtiments, l’Europe doit faire des efforts « de toute urgence ». Lors d’une conférence sur la construction durable, qui s’est déroulé à Amsterdam à la mi-mai, il a appelé à l’accélération des améliorations pour les constructions, qu’elles soient neuves ou anciennes.
1,2% des bâtiments rénovés chaque année
« En faisons-nous assez pour relever les défis de la durabilité ? La réponse est non », s’est interrogé M. Joyce, qui est aussi architecte. Cependant, les bâtiments ne sont que très lentement rénovés en Europe. Seuls 1,2 % des bâtiments sont modernisés chaque année. Le taux de nouvelles constructions est encore moins élevé. Il atteint 1 %, selon les chiffres du secteur. Près de 9 structures existantes sur 10 seront encore debout en 2050.
Objectifs contraignants
En juin 2011, la Commission a fait une proposition de directive qui présente des mesures contraignantes. Pour M. Joyce, ces dernières sont impératives. L’UE manque l’occasion de faire de l’efficacité une « mine » énergétique du futur, a-t-il affirmé. Sans ces objectifs contraignants en faveur de la conservation par exemple, l’Europe n’atteindra pas ses objectifs pour 2050. Les gouvernements qui ont décidé de supprimer les subventions destinées aux énergies renouvelables sous le coup de l’austérité ont commis une erreur, a-t-il ajouté.
Occasions manquées
De plus, d’autres occasions de réduire l’empreinte environnementale des habitations et des bâtiments commerciaux tout en développant les énergies renouvelables ont peut-être été manquées. D’après Oliver Rapf, dirigeant du BPIE, une organisation qui évalue les constructions en Europe, le cadre réglementaire de l’UE sur la construction durable a eu des résultats mitigés, notamment en raison du grand nombre de règles et de normes, contraignantes ou non, et de leur non-respect. « C’est l’un des grands points faibles de ces normes : leur respect n’est pas dûment contrôlé », a expliqué M. Rapf à EurActiv. Une meilleure intégration des politiques qui relèvent à présent des lois et des objectifs sur l’utilisation des terres et l’efficacité des bâtiments (notamment la directive européenne relative à la performance énergétique des bâtiments, les règles de construction et les normes régissant les marchés publics) pourraient combler certaines lacunes en matière de mise en oeuvre, selon M. Rapf.
Fonds européen pour la rénovation
« Il est clair que nous avons besoin d’un cadre politique intégré pour que toutes les pièces du puzzle s’emboîtent de manière intégrée », a-t-il expliqué. L’organisation de M. Rapf a publié l’année dernière un rapport (en anglais) qui explique que le pétrole et le gaz naturel restent les sources d’énergie dominantes pour les habitations en Europe du Sud, du Nord et de l’Est. Le charbon, dont l’exploitation génère des gaz à effet de serre, est la première source utilisée en Europe centrale et orientale. A elles seules, les habitations représentent 68 % de la consommation d’énergie finale des bâtiments. Le rapport préconise la création d’un fonds européen visant à encourager la rénovation, et à établir des exigences contraignantes. Le cadre réglementaire de l’UE devrait être réorienté et plus ambitieux. « Il faut faire des efforts importants pour transposer la réglementation européenne dans les droits nationaux et l’appliquer, afin d’encourager une rénovation profonde des bâtiments », peut-on encore lire dans ce rapport.
Source : EurActiv.fr
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