L’accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique à 2 °C, voire 1,5 °C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. Mais selon une étude menée par un collectif international de plus de quarante chercheurs et parue ce 31 mai dans la revue Nature, il faudrait limiter le réchauffement à 1 °C pour respecter une limite climatique sûre et juste. Le monde ayant dépassé cette limite avec un réchauffement actuel de 1,2 °C, des dizaines de millions de personnes souffrent déjà d’impacts.
Les chercheurs rappellent qu’au-delà du réchauffement climatique, la science montre qu’il faut préserver les autres processus et systèmes biophysiques qui déterminent l’habitabilité de la planète, régulent la stabilité et la résilience du système terrestre. Le collectif de chercheurs a quantifié, au niveau local et global, pour 5 des 9 limites planétaires, des limites « sûres » qui « garantissent des conditions stables et résilientes sur Terre » et des limites « justes » qui « minimisent l’exposition humaine à des dommages importants ». Elles concernent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, le cycle de l’eau douce, la perturbation du cycle du phosphore et de l’azote, et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère.
Des limites déjà dépassées
Sur les huit limites assurant la stabilité et la bonne santé du système Terre, sept dépassent les niveaux désignés comme « sûr » et « juste ». « Cela signifie que si une transformation rapide ne se produit pas, il est très probable que des points de bascule irréversibles et des impacts généralisés sur le bien-être humain seront inévitables », explique Johan Rockström, auteur principal de l’article.
Les scientifiques estiment ainsi que pour respecter une limite sûre et juste, il faudrait préserver entre 50 et 60 % de l’écosystème naturel mondial, contre moins de 50 % actuellement. Il faudrait également que chaque kilomètre carré d’écosystème modifié par l’Homme comprenne tout de même au moins 20 à 25 % d’écosystèmes naturels. Cette limite n’est pas respectée dans deux tiers de la superficie terrestre dominée par l’Homme, relèvent les auteurs.
Les scientifiques définissent la limite sûre et juste à ne pas dépasser au niveau local pour les aérosols à 15 μg/m³ d’exposition annuelle moyenne aux PM2,5. L’étude estime aussi qu’il ne faudrait pas modifier plus de 20 % du débit mensuel des eaux de surface. Cette limite serait pourtant dépassée pour 34 % de ces eaux. Concernant les eaux souterraines, la limite est simple : il faut des prélèvements annuels inférieurs à la recharge. Cette limite n’est pourtant pas respectée dans 47 % des cas.
Enfin, pour ne pas détraquer les cycles naturels des nutriments, le surplus au niveau mondial ne devrait pas dépasser 57 téragrammes d’azote par an (TgN/an), contre 119 TgN/an actuellement. Et il faudrait ajouter au maximum entre 4,5 et 9 téragrammes de phosphore par an (TgP/an), contre 10 TgP/an actuellement.
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