Un rapport de la Cour des comptes européenne considère que l'Union européenne dispose d’un cadre solide pour lutter contre les effets du changement climatique, mais constate également des lacunes dans sa mise en œuvre. Si elles ne sont pas corrigées, la politique d’adaptation de l'Europe pourrait évoluer moins vite que le climat lui-même.
Alors que les pertes économiques liées aux phénomènes climatiques extrêmes dans l’Union Européenne (UE) se sont chiffrées en moyenne à 26 milliards d’euros par an au cours de la dernière décennie, elles pourraient grimper de 42 à 175 milliards d’euros, en fonction du scénario de réchauffement planétaire d’ici la fin du siècle, compris entre 1,5 et 3 degrés. C’est ce que révèle un rapport de la Cour des comptes européenne, qui a examiné la politique d’adaptation de l’Europe face à la récurrence des conditions météorologiques extrêmes. Dans celui-ci, les auteurs mettent en avant la solidité générale du cadre européen pour renforcer sa résilience face au changement climatique, mais pointent également du doigt plusieurs lacunes et insuffisances.
Ainsi, ont-ils pu constater que des documents relatifs à la stratégie nationale d’adaptation de certains États membres étaient rédigés à partir de données scientifiques obsolètes ou que les coûts de certaines mesures à prendre étaient parfois omis ou sous-estimés. Ils déplorent également le fait que les rapports sont principalement de nature descriptive, ce qui ne permet pas d’évaluer correctement les progrès accomplis pour faire face au changement climatique. Sur les 400 communes enquêtées, un grand nombre d’entre elles ne connaissaient pas les plans élaborés par l’UE.
Même si dans l’ensemble, les cadres nationaux d’adaptation sont conformes à la stratégie de l’UE, des conflits de priorités ont été mis en évidence. Par exemple, de nouveaux permis de construire continuent parfois à être délivrés dans des zones à risque d’inondation, ou alors des projets répondant à des besoins d’irrigation accrus sont encore validés, alors qu’ils risquent d’entraîner une augmentation de la consommation globale d’eau. Certains projets, comme le réapprovisionnement de plages en sable, ne sont qu’une solution d’adaptation à court terme, tandis que d’autres peuvent être qualifiés de négatifs, à l’image d’un investissement dans des canons à neige artificielle, alors qu’il serait préférable de se tourner vers le tourisme tout au long de l’année.
Mettre en place un suivi des carences observées
« En raison de ces faiblesses, il est à craindre que la politique et l’action de l’UE en matière d’adaptation évoluent moins vite que le changement climatique », alertent les auteurs de ce rapport. Cela serait préjudiciable à la capacité de l’UE à devenir résiliente face au changement climatique d’ici à 2050. » Face à ce constat, ils recommandent d’améliorer les rapports sur l’adaptation au changement climatique en mettant en place des indicateurs communs permettant de mesurer les progrès accomplis et d’assurer le suivi des carences relevées.
Ils préconisent également d’améliorer le développement et la promotion des outils qu’a mis en place l’UE dans son adaptation au changement climatique afin d’accroître leur utilisation et encourager le partage des connaissances. Notamment, en rendant plus visible la plateforme Climate-ADAPT, gérée par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) et qui propose par exemple des études de cas d’adaptation et des options d’adaptation potentielles. Un travail en ce sens semble en effet à mener puisqu’il est apparu que 77 % des communes enquêtées ne connaissent pas cette plateforme.
Enfin, les auteurs émettent plusieurs recommandations sur la manière dont les aides financières doivent être délivrées par l’UE, notamment celle de veiller à ce que tous les projets financés soient adaptés aux conditions climatiques futures. Pour cela, ils suggèrent à la Commission Européenne de donner des orientations sur les actions les plus pertinentes à mener et de donner aux États membres des exemples de projets conduisant à une mauvaise adaptation. Elle devrait aussi, selon eux, promouvoir davantage des solutions d’adaptation à long terme, ainsi qu’évaluer dans quelle mesure il est nécessaire de prévoir des conditions d’éligibilité. Par exemple, les aides forestières versées par l’UE ne devraient pas conduire au financement de forêts en monoculture.
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