La protection des digues maritimes et la lutte contre l’érosion du littoral français qui est très exposé, ont montré toute leur importance lors de la tempête Xynthia : après son passage, sur les 1.350 km de digues côtières, un tiers nécessite d’être réparé pour un coût des travaux de restauration et de réhabilitation estimé entre 1 à 2 millions d’euros le kilomètre.
L’augmentation des risques côtiers s’est traduite depuis des années par la construction systématique d’ouvrages de défense rigides de type perrés, digues ou murs, ce qui a conduit à une artificialisation massive des côtes. Ces ouvrages de défense rigides protègent les terres de la submersion marine cependant, ils bloquent les échanges naturels entre la plage et la dune, modifient l’équilibre de la côte et aggravent l’érosion des sites sur lesquels ils sont situés et sur les sites adjacents. Au pied de ces d’ouvrages, le sable a tendance à s’éroder plus rapidement sous l’effet de la réflexion des vagues qui accroît la turbulence dans la zone de déferlement.
Le procédé Ecoplage de la société du même nom, à Sainte Luce-sur-Loire (44), représente une solution complémentaire et écologique aux actions de réhabilitation et de renforcement des digues. Il permet, sur une plage en amont d’une digue, de diminuer la force de reflux des vagues en constituant une réserve de sable qui joue le rôle de stock tampon lors des tempêtes. En amortissant les effets de la houle, ce stock de sable additionnel constitue une barrière de protection naturelle qui freine les processus d’érosion de la digue. Cette technologie propriétaire a révélé son efficacité sur la plage de Quend dans le département de la Somme. Avant la mise en place du procédé Ecoplage, cette plage perdait de 20 à 30.000 m3 de sable par an du fait de l’érosion. Le sable avait pratiquement disparu au pied de la digue laissant apparaître les structures d’appui. A marée basse, de l’eau stagnait constamment dans le creux laissé par la marée.
« Un an après la mise en place du procédé Ecoplage, la plage de Quend s’est rehaussée en sable de 80 cm à 1m en haut de plage. Cet afflux de sable a constitué un stock tampon qui a stoppé l’érosion marine de la digue qui avait du être restaurée en plusieurs endroits. A marée haute, la digue reste désormais la plupart du temps protégée par une bande de sable sec. L’ouvrage est renforcé par cette protection supplémentaire de sable totalement naturelle » souligne Jean-Yves Audrain, Directeur Général de la société d’Ecoplage. « Une fois installé, notre technologie permet de stopper l’érosion puis de reconstituer très rapidement et à moindre coût le cordon dunaire. Elle s’impose comme une alternative naturelle et efficace à la construction systématique de digues qui modifient considérablement les écosystèmes et les échanges naturels dune-plage sans régler le problème d’érosion des côtes », poursuit-il.
Une réponse aux enjeux environnementaux
Le procédé Ecoplage repose sur le principe physique du rabattement de la nappe phréatique par drainage gravitaire à l’intérieur de la plage. Le système draine l’eau contenue dans le sable favorisant le dépôt de sable naturel additionnel sur la surface de la plage. Il consiste en l’enfouissement d’un drain d’une longueur déterminée par une étude préalable à environ 2 m sous la plage pour optimiser l’infiltration de l’eau de mer et faciliter l’accrétion. Le drain filtrant est constitué en PVC perforé de 200 mm de diamètre, enrobé d’une chaussette géotextile et entouré d’un massif filtrant afin d’éviter qu’il ne se colmate. Enterré dans le sable parallèlement au trait de côte, il va permettre d’assécher la plage dans la zone de déferlement des vagues et éviter le retrait des sédiments lors du reflux des vagues. Les drains absorbent l’eau qui s’écoule par gravité vers une station de pompage. Le drainage diminue la pression interstitielle entre les grains de sable ce qui augmente leur cohésion et les rend plus résistants à l’érosion marine. De plus, il favorise le dépôt des sédiments contenu dans l’eau des vagues lors de l’infiltration à l’intérieur de la plage, accélérant les processus de ré-ensablement naturel. Ainsi, dès sa mise en marche, le système contribue à freiner l’érosion et à favoriser l’ensablement naturel de la plage.
Les canalisations sont reliées à une canalisation de collecte. L’eau s’écoule par gravité jusqu’à la station de pompage. L’eau de mer filtrée est pompée par la station pour être ensuite refoulée dans la canalisation de rejet. La société a breveté un enfouisseur de drain capable d’enterrer le drain et le massif filtrant en une seule opération. L’engin installe jusqu’à 300 m/h de drain, une installation complète du système pouvant être opérée en 3 mois pour une longueur de 1.000 m.
Le procédé Ecoplage génère une importante quantité d’eau de mer filtrée qui peut être valorisée de différentes manières en fonction des besoins des collectivités locales : production de chaleur ou de froid en association avec une pompe à chaleur, oxygénation des lagunes et des étangs de marinas, approvisionnement de piscines, alimentation de centres de thalassothérapie, de bassins piscicoles et conchylicoles, d’usines de dessalement… Il répond aux nouveaux enjeux environnementaux : il conserve un paysage littoral identique au site naturel, n’agit pas significativement sur le transit littoral, n’a aucun impact négatif sur l’environnement et participe directement à la protection des écosystèmes (confrontés à la disparition progressive de la superficie des plages, les estivants s’installent désormais aux pieds des dunes protégées et empiètent sur les écosystèmes des littoraux).
De plus, Ecoplage qui est installé sur 5 sites en France, s’intègre dans une gestion durable du littoral : la plage n’a plus besoin d’être engraissée par des apports de sable, la mise en place d’ouvrage de défense rigide devient obsolète, les opérations d’entretien sur les ouvrages rigides existants diminuent et les collectivités locales réalisent des économies globales dans la gestion de leur littoral (à Saint Raphaël, 2 épis en enrochement devenus inutiles ont été supprimés sur la plage d’Agay conjointement à l’installation du système, restituant les caractéristiques naturelles de ce site classé).
Cet article se trouve dans le dossier :
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