Les chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) se sont réunis mi-septembre à Paris pour faire part de leurs nouveaux résultats concernant le projet Elfe. Cette étude longitudinale à envergure nationale a pour but d’étudier durant plusieurs années différents aspects de la vie de plus de 18.000 enfants nés en 2011. Les recherches menées se concentrent autour de trois axes : le cadre social, la santé et l’environnement. Si les enfants sont les premiers concernés par ces recherches, les autres membres de la familles intéressent également. Ainsi, Cécile Chevrier, épidémiologiste à l’Inserm a révélé que la cohorte Elfe s’est penchée sur l’exposition des femmes enceintes aux pesticides.
Une exposition aux pesticides qui influe sur le poids de naissance
L’objectif de cette étude était d’établir le nombre de molécules phytosanitaires auxquelles les femmes sont exposées durant leur grossesse. Pour y parvenir, des analyses de trois à neuf centimètres de mèches de cheveux de plusieurs dizaines de femmes enceintes vivant en zone périurbaine en France ont été soumises à examen dans le but de détecter jusqu’à 140 molécules définies. En partant du principe qu’un centimètre de cheveux pousse en un mois, les mèches étudiées permettent d’analyser entre un trimestre et une grossesse entière d’exposition aux pesticides. Parmi ces molécules se retrouve notamment la perméthrine, un « foudroyant insecticide interdit dans les usages agricoles » atteste l’épidémiologiste de l’Inserm. Elle révèle également que cette substance est également un acaricide, qui se retrouve dans des insecticides domestiques.
Les résultats de l’étude sont édifiants : aucune femme enceinte n’a les cheveux parfaitement sains. Pour la moitié de celles dont les cheveux ont été analysés, 43 molécules ont été détectées. Et sur les 140 molécules recherchées, 122 ont été retrouvées. Bien qu’elle n’ait pas souhaité apporter des précisions sur ce point, Cécile Chevrier a expliqué que ce type de recherche était essentiel pour, à terme, mettre en évidence l’impact probable de l’exposition aux pesticides sur les problèmes neurologiques et de poids des nourrissons à la naissance. La chercheuse a en effet rapidement évoqué l’éventualité que l’exposition aux pesticides des femmes enceintes durant la grossesse pourrait potentiellement favoriser le risque de développement de l’hypospadias, une maladie génitale du petit garçon.
Par Chaymaa Deb
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