Plus les entreprises utilisent le cloud et l’IA et plus il faut de datacenters pour absorber un volume de données qui ne cesse d’augmenter. Mais ces centres de données sont énergivores. Différents projets ambitionnent de délocaliser ces énormes bâtiments dans… l’espace.
Une récente étude menée par Thales Alenia Space considère que le lancement de centres de données dans l’espace est réalisable d’un point de vue technique et serait « bénéfique » pour l’environnement.
Lancé en 2023 et financé par la Commission européenne dans le cadre du programme Horizon Europe, le programme ASCEND (Advanced Space Cloud for European Net zero emission and Data sovereignty) vise à étudier la faisabilité de datacenters dans l’espace pour atteindre l’objectif du Green Deal de l’UE, à savoir une émission nette de carbone nulle d’ici 2050.
Pour cette étude, Thales Alenia Space a coordonné un consortium européen de partenaires ayant des expertises complémentaires dans les domaines de l’environnement (Carbone 4, VITO), du cloud computing (Orange Business, CloudFerro, Hewlett Packard Enterprise), des lanceurs (ArianeGroup), et des systèmes orbitaux (DLR, Airbus Defence & Space, et Thales Alenia Space).
« Afin de réduire significativement les émissions de CO2 générées par le traitement et le stockage du numérique, les résultats de l’étude estiment que de telles infrastructures spatiales nécessiteraient le développement d’un lanceur dix fois moins émissif sur l’ensemble de son cycle de vie. De plus, les centres de données spatiaux ne nécessiteraient pas d’eau pour les refroidir, un avantage clé en période de sécheresse croissante », lit-on dans le rapport de Thales Alenia Space.
Les villes contre les datacenters
Les résultats de l’étude confirment également la viabilité économique du projet, avec une perspective de retour sur investissement de plusieurs milliards d’euros d’ici 2050.
Mais ce projet verra-t-il le jour alors que la direction de Thales Alenia Space vient d’annoncer son intention de supprimer 1 237 emplois en Europe, dont 980 postes en France ?
Thales Alenia Space n’est pas le seul à étudier la faisabilité d’un tel projet. Une équipe de la KAUST (King Abdallah University of Science and Technology) en Arabie saoudite a étudié la faisabilité de datacenters placés à haute altitude.
Publiée en septembre 2023, leur étude « Data Center-Enabled High-Altitude Platforms : A Green Computing Alternative » a évalué ce concept dans lequel les serveurs sont hébergés dans un dirigeable rempli d’hélium et ressemblant à un ballon dirigeable.
Selon les chercheurs, les plates-formes de haute altitude pourraient réaliser d’énormes économies d’énergie grâce à la température naturellement basse de la stratosphère et à leur capacité à capter l’énergie solaire.
Mais pourquoi de tels projets ? L’informatique risque la surchauffe ! Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande d’électricité pourrait doubler d’ici 2026 en raison de la croissance exponentielle de la charge des datacenters.
Pour répondre à la forte demande des entreprises, mais aussi du grand public avide de streaming, les hyperscalers (terme donné aux géants des datacenters comme Google, Microsoft, Amazon web service…) et autres hébergeurs de données bâtissent à tour de bras des centres de données.
Mais de plus en plus de voix se font entendre pour empêcher ces constructions. Cinquième hub mondial du trafic Internet, Marseille (mais aussi Rennes) veut réguler ces implantations.
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