Les PFAS, ces substances fluorées toxiques qualifiées de « polluants éternels », sont présentes partout : aussi bien dans l’eau que dans le sol. De récentes études montrent par ailleurs que les boues de station d’épuration (STEP) utilisées pour la fertilisation agricole sont susceptibles d’en contenir et que les microbes qui aident à décomposer ces boues jouent un rôle crucial dans l’accumulation des PFAS dans les sols.
Les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS, forment une famille de plus de 4 000 composés chimiques utilisés depuis les années 50. Leurs propriétés uniques d’antiadhérence, imperméabilisation et résistance aux fortes chaleurs, en font des molécules très populaires, très prisées par les industriels. Elles entrent ainsi dans la composition de produits très divers : poêles antiadhésives, textiles, emballages alimentaires, produits cosmétiques, etc.
Malheureusement, ces composés sont également toxiques et, de par leur composition chimique, très persistants[1] dans l’environnement. Trop longtemps ignorée par les autorités, cette pollution sournoise, car invisible, fait néanmoins de plus en plus de bruit. Fin 2021, les États-Unis ont ainsi annoncé s’attaquer sérieusement au problème des PFAS[2], alors que 80 % des voies navigables américaines seraient contaminées !
Des microbes favoriseraient le largage des PFAS
Si la pratique de l’épandage des boues issues des stations d’épuration est considérée comme vertueuse, elle est malheureusement responsable d’une accumulation involontaire de polluants dans les sols agricoles et notamment de PFAS (et aussi de microplastiques), malgré les traitements de dépollution effectués en amont.
Des chercheurs du Drexel University’s College of Engineering ont ainsi voulu en comprendre les raisons. Dans une étude publiée dans le journal Environmental Science Processes & Impacts[3], ils expliquent comment les PFAS sont capables de « s’échapper » des engrais fabriqués à partir de déchets recyclés, grâce à la décomposition microbienne.
Dans un communiqué de presse, l’un des coauteurs, le docteur Asa Lewis l’affirme : « Comme il n’est actuellement pas possible d’éliminer les PFAS de l’environnement, il est important de comprendre tout ce que nous pouvons sur la façon dont ils sont capables de persister et de s’accumuler si largement dans le monde naturel. »
L’accumulation de PFAS dans l’environnement : un problème mondial !
Bien que cette étude concerne les États-Unis, l’Europe et la France sont également largement concernées par la pollution aux PFAS et par la question du traitement des boues.
Fin février 2023, une enquête du journal Le Monde révélait d’ailleurs l’ampleur de la contamination au PFAS sur le territoire européen. L’Europe compte ainsi plus de 20 usines chimiques productrices, 232 utilisateurs de PFAS et une contamination a été détectée sur plus de 17 000 sites.
Depuis quelques années, le problème des PFAS commence néanmoins à être pris au sérieux par les pouvoirs publics. Au regard des préoccupations grandissantes, les autorités françaises ont d’ailleurs récemment lancé un plan d’action ministériel porté par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Ce plan d’action contient 6 axes.
Quelques jours après l’annonce de ce plan d’action, c’était au tour de l’Europe de prendre à bras le corps le problème des PFAS, cinq États membres ayant proposé l’interdiction pure et simple des PFAS. Une évaluation qui débouchera prochainement sur une recommandation à la Commission européenne, en vue d’une réglementation à horizon 2025.
[1] Selon l’ANSES, plus elles contiennent d’atomes de carbone et plus elles sont persistantes dans l’environnement
[2] Alors que les risques posés par les PFAS étaient connus depuis 1998 !
[3] Royal Society of Chemistry
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