On achète de plus en plus d’appareils électriques et électroniques et on ne jette rien ou presque. Telle est la conclusion, alarmante pour l’environnement et notre santé, de ce rapport.
Les DEEE (ou Déchets d’Équipements électriques et électroniques) regroupent à la fois les piles et batteries, mais également des cuisines professionnelles, des climatiseurs, des distributeurs automatiques, etc.
Résultat, ce volume a augmenté de 8 % en 2016, par rapport à 2014, à 44,7 millions de tonnes. Malheureusement, 80 % de cette montagne de déchets est incinérés ou mis dans des décharges informelles. D’autres restent en l’état. Ils sont stockés chez les consommateurs. Quant aux entreprises, elles ont encore beaucoup du mal à maîtriser leur gestion.
Publié il y a quelques jours par l’association Alliance Green IT, le baromètre 2017 des pratiques numériques écoresponsables indique que moins d’un quart des entreprises interrogées ont intégré le Green IT dans leur stratégie. Deux tiers (76 %) ne font pas appel à des fournisseurs issus de l’économie sociale et solidaire et 22 % disent ne pas savoir.
Métaux rares et chers
Le rapport de l’UNU estime que chaque personne sur la planète génère désormais 6,1 kilos de déchets électroniques (+5 % comparés à 2014). Il y a les « bons « élèves » ou ceux qui produisent peu de DEEE comme l’Afrique (1,9 kilo) et l’Asie (4,2 kilos). Les mauvais élèves sont l’Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande principalement) avec 17,3 kilos, l’Europe (Russie incluse) avec 16,6 kilos et la zone américaine et ses 11,6 kilos.
Le recyclage des DEEE est pourtant essentiel. Il permet en effet de séparer et de valoriser des matériaux qui peuvent être réutilisés (métaux, plastiques, verre…). Cela permet aussi d’en retirer de l’argent, de l’or, du cuivre, du plomb et de nombreux métaux rares et chers.
À partir de 50 000 téléphones portables, on peut récupérer environ 1 kg d’or et 10 kg d’argent. Toutefois, une infime partie de ces appareils est recyclée en Europe.
Trafic international
Mais ces DEEE contiennent surtout des matières dangereuses pour la santé et l’environnement : métaux lourds qui polluent les sols et les eaux, PCB dont la combustion est cancérigène, gaz contenus dans les réfrigérateurs attaquant la couche d’ozone…
Malgré leur dangerosité, ces déchets alimentent un trafic international. L’Organisation mondiale des douanes estime que 10 % du trafic par conteneurs dans le monde concerne des biens dangereux ou illégaux, incluant les déchets électriques et électroniques. Or, la Convention de Bâle, un traité international interdisant l’exportation de déchets toxiques, dont les déchets électriques et électroniques, a été signée en mars 1989 par 190 pays.
Philippe Richard