« A présent, nous avons la bonne cible » pour rechercher la présence de vie éventuelle sur des exoplanètes, a déclaré Amaury Triaud, de l’Université de Cambridge, coauteur de l’étude.
Les sept planètes, qui pourraient avoir des températures assez proches de celles de la Terre, tournent autour d’une toute petite étoile peu lumineuse et ultra-froide TRAPPIST-1 située dans notre galaxie, à « seulement » 40 années-lumière de nous.
« Vingt ans après les premières exoplanètes, il s’agit sans nul doute d’une des plus grandes découvertes dans le domaine des planètes extrasolaires », estime Didier Queloz, de l’Université de Genève, coauteur de l’étude. « La recherche du vivant sur une autre planète est aujourd’hui à portée de main », ajoute-t-il.
L’équipe internationale, dirigée par l’astronome belge Michaël Gillon de l’Université de Liège, avait déjà découvert fin 2015 trois de ces planètes à partir du petit télescope TRAPPIST de l’ESO (Observatoire européen austral) basé au Chili.
Mais grâce notamment au télescope spatial Spitzer de la NASA, les scientifiques ont pu progresser à grands pas dans leur observations et ont recensé finalement sept planètes de la taille de la Terre.
« C’est la première fois que l’on détecte autant de planètes de taille terrestre dont trois potentiellement +habitables+, pour lesquelles une étude poussée est possible avec la technologie actuelle, y compris la détermination de la composition atmosphérique et la recherche de traces chimiques de vie », déclare à l’AFP Michaël Gillon, principal auteur de l’étude.
Le système planétaire a été détecté grâce à la méthode des transits. Elle permet de répérer la présence d’une planète lorsque celle-ci passe devant le disque de son étoile, car cela provoque une légère baisse de la luminosité (appelée transit).
« Coucher de Soleil »
« Ce qui est surprenant c’est que les sept planètes ont une grande régularité en taille », déclare à l’AFP Franck Selsis, chercheur CNRS à l’Université de Bordeaux, et coauteur de l’étude. Leur rayon est plus ou moins 15% celui de la Terre.
Elles ont des insolations et donc des températures moyennes proches de celles de la Terre.
Six de ces planètes tournent autour de la naine rouge en 1,5 à 12 jours. Elles sont beaucoup plus proches de leur étoile que la Terre du Soleil. Du fait des forces de marée, elles présentent toujours la même face à leur étoile.
Trois des planètes (TRAPPIST-1 e, f et g) se trouvent dans la zone « habitable » du système, c’est-à-dire susceptible d’abriter de l’eau liquide sur la majeure partie de la surface. « C’est le Graal pour les astronomes », souligne l’ESO.
« L’eau liquide est un pré-requis à l’existence de la vie » même si cela n’est pas une condition suffisante car il faut aussi « la présence des bonnes molécules », rappelle Franck Selsis.
« Coup de chance », les planètes sont « en résonance » entre elles, ce qui permet de mesurer leur masse, indique à l’AFP Didier Queloz.
Les premières indications de la masse pour six d’entre elles suggèrent la nature tellurique de ces planètes, c’est-à-dire qu’elles sont solides et composées en partie de roches.
En outre, « grâce au contraste de taille favorable entre les planètes et leur petite étoile, nous allons pouvoir mesurer leur atmosphère », se réjouit Didier Queloz. « C’est absolument unique. »
L’étude de cette suite de planètes va s’intensifier avec le télescope spatial James Webb qui sera lancé par la NASA en 2018.
« Il va nous permettre de caractériser les propriétés des atmosphères de ces planètes et peut-être même de trouver des biomarqueurs c’est-à-dire des molécules comme l’eau, l’ozone, le gaz carbonique, le méthane, qui pourraient indiquer qu’il y a de la vie sur ces planètes », précise Michaël Gillon.
Le spectacle sur ces planètes doit être « assez beau », selon Amaury Triaud. « Il doit y avoir environ 200 fois moins de lumière qu’à midi sur la Terre ». Cela doit ressembler un peu à « la fin d’un coucher de Soleil », selon lui.
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