En novembre 2022, Emmanuel Macron réunissait les dirigeants des 50 sites industriels en France les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES). L’objectif : qu’ils élaborent leurs trajectoires de réduction des émissions de GES en vue d’atteindre les objectifs de la future stratégie nationale bas carbone. Ces contrats de transition écologique, signés le ministre délégué chargé de l’Industrie et les présidents des entreprises concernées, ont été présentés par le ministère de l’Économie en décembre 2023. Le Réseau Action Climat et France Nature Environnement ont publié mi-juillet un rapport pour dresser le bilan climat et environnement de ces sites pour l’année 2023. Ils y mentionnent « la difficile mutation de l’industrie française ».
Parlons chiffres. L’industrie représente environ 18 % des émissions françaises de GES. Les 50 entreprises concernées génèrent quant à elles actuellement 55 % des émissions industrielles en France. À travers ces contrats, elles s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre GES de 50 % d’ici 2032. Mais il sera difficile de suivre l’atteinte de ces engagements. Car les feuilles de route complètes ne sont pas rendues publiques. Les contrats de transition sont des documents de trois pages qui ne reprennent que les ambitions globales, mais ne communiquent ni les moyens ni les indicateurs mis en place. Pire, « les industriels n’ont aucune obligation de les respecter et certains ont déjà averti du décalage de leur décarbonation face à un prix du carbone volatil et une incertitude sur le coût de l’électricité », dénonce le rapport.
Une hausse des émissions en 2023
Les engagements ayant été dévoilés fin 2023, ils ne portent pas encore leurs fruits. Mais le Réseau Action Climat s’inquiète tout de même de la hausse des émissions de GES sur plusieurs sites concernés. « C’est notamment le cas de l’usine pétrochimique TotalEnergies de Gonfreville (+9,8 %), LAT Nitrogen à Grand-Quevilly (+42 %), Aluminium Dunkerque (+5,3 %), Lyondell Chimie France à Fos-sur-Mer (+3,8 %) », énumère l’ONG.
Face à cette dynamique, ce qui inquiète particulièrement le collectif d’associations, c’est l’intention d’une partie de ces entreprises de recourir aux technologies de captage de carbone. Car les entreprises devraient diminuer en priorité leurs émissions, avant d’éventuellement capter et stocker les émissions résiduelles.
Financer les alternatives au captage de CO2
En 2023, l’Institut Rousseau a estimé le coût de la décarbonation de l’industrie française à 48 milliards d’euros. C’est 27 milliards de plus que les investissements actuellement prévus. L’Institut recommande que 20 milliards d’euros soient pris en charge par l’État sous forme de subventions à l’investissement vert industriel. Le Réseau Action Climat recommande le fléchage de ces aides publiques vers les autres solutions de décarbonation, à savoir la sobriété et l’économie circulaire. Il demande de les conditionner à l’atteinte d’objectifs climatiques, sociaux et environnementaux afin de maximiser leur efficacité.
Lors de la COP28 climat à Dubaï en décembre 2023, les dispositifs de captage et de stockage de carbone ont été au cœur des négociations. L’accord final adopté appelle le monde à se détourner des énergies fossiles. En particulier, il invite les pays à développer les technologies de captage et de stockage de carbone. Beaucoup d’ONG écologistes et de think tank, à l’instar du WWF et l’Iddri, avaient alors dénoncé un pari technologique qui coûte très cher et détourne les fonds de solutions jugées plus efficaces et pertinentes.
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