« La France a connu, pour la première fois en 2023 (hors crise Covid), un rythme de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre dont l’ampleur – si elle se maintient dans les années à venir – est cohérente avec une trajectoire de décarbonation permettant d’atteindre ses objectifs pour 2030 », partage le Haut Conseil pour le climat (HCC), dans son nouveau rapport annuel. L’organisme indépendant voulu par Emmanuel Macron pour évaluer les politiques climatiques de la France calcule une baisse des émissions de 5,8 % sur l’année par rapport à 2022. Les émissions de la France atteignent ainsi 373 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2eq) en 2023. C’est 31 % de moins qu’en 1990.
L’évolution du cadre législatif, en retard
Concrètement, le budget carbone 2019-2023 permettrait d’atteindre l’objectif de baisse de 55 % des émissions d’ici 2030, « à condition de […] préserver les capacités d’absorption des puits de carbone forestiers », calcule le HCC. Car le secteur souffre face au changement climatique… Cela étant dit, l’organisation appelle à maintenir l’effort de décarbonation et de transformation de société. La planification écologique nécessite la publication des cadres législatifs, pointe le HCC. Tous les textes prévus, qu’ils concernent l’énergie, la décarbonation, l’adaptation au changement climatique, sont en effet en retard par rapport au planning initialement annoncé.
« Le renouvellement de ces documents-cadres est désormais urgent pour maintenir la structuration de la politique nationale de réduction des émissions et d’adaptation au changement climatique, et donner à chaque acteur la visibilité nécessaire pour agir en cohérence dans la durée », prévient le HCC. Après 2030, le cap manque encore plus de clarté et l’alignement des politiques en place avec l’objectif de neutralité carbone en 2050 reste « insuffisant » pour espérer l’atteindre.
Accélérer l’adaptation au changement climatique
Le HCC relève que « le décalage se creuse entre les mesures prises pour faire face aux impacts du changement climatique et les besoins d’adaptation ». Et pour cause, « les aléas climatiques induits par le réchauffement s’intensifient plus rapidement que les moyens mis en œuvre pour en limiter les impacts ».
Récemment, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) dévoilait une première étude concernant les coûts de l’adaptation aux effets du réchauffement climatique de + 4 °C. Il soulignait l’importance de mettre en place des « options d’anticipation » déjà connues, prêtes à être déployées. Certaines options offrent même suffisamment de co-bénéfices économiques pour être intrinsèquement rentables. L’étude soulignait l’importance d’anticiper ces risques au plus vite.
Sans adaptation structurelle, « ces dépenses subies [liées aux dommages, aux coûts des réparations des infrastructures essentielles ou encore aux aides de crise] ne vont cesser d’augmenter et perdre leur caractère exceptionnel », souligne I4CE. Elles représentent déjà « plusieurs milliards d’euros par an ».
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