Décryptage

De plus en plus de femmes ingénieures

Posté le 24 août 2016
par Matthieu Combe
dans Entreprises et marchés

La France compte près d'un million d'ingénieurs. La profession se féminise peu à peu. En 2015, les femmes représentaient 29% des nouveaux diplômés. Toutes générations confondues, elles regroupent désormais 20,5% des ingénieurs, et 22,3% parmi les moins de 65 ans.

L’édition 2016 de l’enquête d’Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) note « une progression spectaculaire du nombre de femmes ingénieures ».  Avec 29% de diplômées en 2015, ce sont 11.000 nouvelles femmes ingénieurs qui vont ou ont rejoint le monde du travail.

Les choses évoluent peu à peu. Parmi les jeunes de 23 et 24 ans en 2015, une femme sur 34 est ou deviendra ingénieur. Contre seulement une femme sur 500, il y a 60 ans. En 1973, 600 femmes avaient obtenu le titre d’ingénieure, « soit à peine 5 % du nombre total de diplômés ». En 1980, la proportion montait à 10%.

Concrètement, 31,5% des ingénieures ont moins de 30 ans, 33,5% entre 30 et 39 ans et 20,5% entre 40 et 49 ans. Seulement 11,7% des ingénieures ont entre 50 et 64 ans et 3,4% plus de 65 ans (contre 15,6% des ingénieurs homme).

Où retrouve-t-on les ingénieures?

La féminisation du métier se concentre dans quelques secteurs. « Les femmes sont plus présentes dans la fonction publique que les hommes [17,3% vs. 9,8%] et donc moins dans l’industrie [35,5% vs. 40,3%], leur présence dans le secteur de l’agro-alimentaire et la chimie est sensiblement au-dessus de la moyenne, observe l’IESF. Le domaine de la mécanique et des STIC est à l’inverse nettement au-dessous de la moyenne. »

Les femmes travaillent moins d’heures que les hommes : elles ne sont que 43,2% à travailler plus de 45 heures par semaine, contre 60,1% des hommes. 20,9% travaillent moins de 40 heures par semaine (contre 10,2% des hommes) et 35,9% travaillent entre 40 et 44 heures (contre 29,7%).

D’importantes inégalités demeurent

Les femmes ingénieurs ont plus de difficulté à obtenir le statut de cadre. Elles ne sont que 91,2% à avoir le statut, contre 95,7% des hommes. Elles ont également moins accès au CDI (81,4%, contre 89,2% pour les hommes), au bénéfice du CDD (6,5% contre 3,1%). En contrepartie, elles sont davantage titularisées de la fonction publique (9,9% contre 5,6% pour les hommes). Par ailleurs, tout au long de leur carrière, les femmes occupent moins de postes à responsabilité hiérarchiques (37,1% contre 52,2% pour les hommes).

Les ingénieures n’y échappent pas : leur salaire est bien plus faible que leurs homologues masculins. Le salaire brut médian des femmes est de 48 000 €, contre 59 000 € pour les hommes. En fin de carrière, le salaire médian des hommes atteint 100 000 € brut par an, celui des femmes 85 000 €.

Si les salaires médians des moins de 30 ans présentent un écart de 2.500 €, celui-ci se creuse avec l’âge. Les salaires médians enregistrent un écart de 4.415 € pour les 30-39 ans, 9.703 € pour les 40-49 ans et 13.462 € pour les 50-64 ans. Si l’on ne s’intéresse qu’aux salaires les plus élevés (3e quartile), l’écart atteint 20 500 €. Le salaire médian est alors de 64 000 € pour les femmes, contre 84 500 € pour les hommes !

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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