La France compte près d'un million d'ingénieurs. La profession se féminise peu à peu. En 2015, les femmes représentaient 29% des nouveaux diplômés. Toutes générations confondues, elles regroupent désormais 20,5% des ingénieurs, et 22,3% parmi les moins de 65 ans.
L’édition 2016 de l’enquête d’Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) note « une progression spectaculaire du nombre de femmes ingénieures ». Avec 29% de diplômées en 2015, ce sont 11.000 nouvelles femmes ingénieurs qui vont ou ont rejoint le monde du travail.
Les choses évoluent peu à peu. Parmi les jeunes de 23 et 24 ans en 2015, une femme sur 34 est ou deviendra ingénieur. Contre seulement une femme sur 500, il y a 60 ans. En 1973, 600 femmes avaient obtenu le titre d’ingénieure, « soit à peine 5 % du nombre total de diplômés ». En 1980, la proportion montait à 10%.
Concrètement, 31,5% des ingénieures ont moins de 30 ans, 33,5% entre 30 et 39 ans et 20,5% entre 40 et 49 ans. Seulement 11,7% des ingénieures ont entre 50 et 64 ans et 3,4% plus de 65 ans (contre 15,6% des ingénieurs homme).
Où retrouve-t-on les ingénieures?
La féminisation du métier se concentre dans quelques secteurs. « Les femmes sont plus présentes dans la fonction publique que les hommes [17,3% vs. 9,8%] et donc moins dans l’industrie [35,5% vs. 40,3%], leur présence dans le secteur de l’agro-alimentaire et la chimie est sensiblement au-dessus de la moyenne, observe l’IESF. Le domaine de la mécanique et des STIC est à l’inverse nettement au-dessous de la moyenne. »
Les femmes travaillent moins d’heures que les hommes : elles ne sont que 43,2% à travailler plus de 45 heures par semaine, contre 60,1% des hommes. 20,9% travaillent moins de 40 heures par semaine (contre 10,2% des hommes) et 35,9% travaillent entre 40 et 44 heures (contre 29,7%).
D’importantes inégalités demeurent
Les femmes ingénieurs ont plus de difficulté à obtenir le statut de cadre. Elles ne sont que 91,2% à avoir le statut, contre 95,7% des hommes. Elles ont également moins accès au CDI (81,4%, contre 89,2% pour les hommes), au bénéfice du CDD (6,5% contre 3,1%). En contrepartie, elles sont davantage titularisées de la fonction publique (9,9% contre 5,6% pour les hommes). Par ailleurs, tout au long de leur carrière, les femmes occupent moins de postes à responsabilité hiérarchiques (37,1% contre 52,2% pour les hommes).
Les ingénieures n’y échappent pas : leur salaire est bien plus faible que leurs homologues masculins. Le salaire brut médian des femmes est de 48 000 €, contre 59 000 € pour les hommes. En fin de carrière, le salaire médian des hommes atteint 100 000 € brut par an, celui des femmes 85 000 €.
Si les salaires médians des moins de 30 ans présentent un écart de 2.500 €, celui-ci se creuse avec l’âge. Les salaires médians enregistrent un écart de 4.415 € pour les 30-39 ans, 9.703 € pour les 40-49 ans et 13.462 € pour les 50-64 ans. Si l’on ne s’intéresse qu’aux salaires les plus élevés (3e quartile), l’écart atteint 20 500 €. Le salaire médian est alors de 64 000 € pour les femmes, contre 84 500 € pour les hommes !
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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