Construire le même immeuble de logements sociaux de type passif dans plusieurs villes d’Europe, tel est le défi que s’est lancé le réseau de sociétés de logement européen Eurhonet, dans le cadre du projet Buildtog réalisé par l’agence de l’architecte Nicolas Michelin en collaboration avec BASF. En attendant, les projets en France se multiplient, y compris en rénovation. Explications.
A travers le projet d’habitats passifs consommant moins de 15 kWh/m² an pour le chauffage baptisé Buildtog (Building together ou Construire ensemble) réalisé par l’ANMA (Agence Nicolas Michelin et Associés) en collaboration avec BASF, les membres du réseau de sociétés de logement Eurhonet souhaitent apporter une réponse performante, technique et architecturale aux enjeux globaux du changement climatique. L’idée est de créer en Europe un référentiel d’habitat accessible à tous et performant en terme d’efficacité énergétique. Pour cela, un bâtiment type sera transposé dans au moins cinq pays du réseau Eurhonet : la France, la Suède, l’Allemagne, l’Italie et probablement le Royaume-Unis.
Dans un premier temps, le cabinet d’architecture ANMA et les experts de BASF impliqués tout au long du projet Buildtog, de la définition du concept énergétique et des adaptations locales jusqu’au suivi qualité de la construction, ont réalisé le design commun et rédigé un livre de recommandation sur les matériaux et systèmes à utiliser pour atteindre le standard passif. Ce dernier est un outil d’aide à la conception qui sert de base pour l’adaptation dans chaque ville d’Europe où sera reproduit l’immeuble. Actuellement, les différentes sociétés de logement européennes planchent sur l’adaptation locale du bâtiment imaginé par Nicolas Michelin, notamment en fonction des normes du pays et du climat. Au terme des études d’adaptations locales, fin 2010, les premiers chantiers dans les différents pays débuteront courant 2011, et se termineront fin 2012.
Parmi les 5 bailleurs sociaux français membre du réseau Eurohnet qui adaptent en ce moment le projet Buildtog, on notera la présence du « Foyer Rémois » (Reims) et du « Groupe Habitat 62/59 » (Calais) qui s’illusternt par des expériences d’habitat passif en France.
La rénovation d’un quartier rémois à l’image du « quartier Brunck »
Après avoir inauguré en mars dernier, à Bétheny, l’immeuble « la Clairière » qui vise à obtenir les labels «Bâtiment Basse Consommation Effinergie» et «PassivHaus», le « Foyer Rémois » lance actuellement la rénovation du quartier Orgeval de Reims, à 4 km du centre ville. Sur les plans des cabinets d’architecture Atelier Choiseul et GERA architectes, l’entreprise CARI s’occupera des travaux à partir de la rentrée 2010 et devrait livrer fin 2013. Cette rénovation s’inscrit dans le cadre des nouvelles réglementations thermiques des bâtiments issues du Grenelle de l’environnement et du programme de renouvellement urbain de la ville de Reims en accord avec l’ANRU (Agence Nationale de Renouvellement Urbain).
Après leur visite du quartier Brunck en Allemagne, les représentants du Foyer Rémois qui ont fait appel au pôle d’expertise en efficacité énergétique de BASF pour accompagner le projet sur la problématique de l’objectif énergétique, ont souhaité faire de la réhabilitation du quartier Orgeval, leur « propre quartier Brunck » en prenant exemple sur ce quartier devenu quartier à haute performance énergétique suite à sa réhabilitation. C’est la société de logements Luwoge, filiale de BASF gérant un parc de plus de 9000 logements à haute performance énergétique en Allemagne, qui a rénové à Ludwigshafen le quartier Brunck, dont la consommation a été divisée par 4. Il comprend notamment, le premier bâtiment « 3 litres » d’Allemagne, dont la consommation est inférieure à 30 kWh/m².an, mais aussi 46 maisons « 1 litre », construites au standard passif, et dont la consommation est inférieure à 10 kWh/m²/an, et enfin la maison à coût de chauffage zéro.
En termes de consommation énergétique, le projet de réhabilitation du quartier Orgeval, constitué de bâtiments construits dans les années 70, vise le label français BBC (bâtiment basse consommation), soit pour la région une consommation en énergie primaire maximum de 65kWh/m².an pour les logements neufs contre 104 Wh/m².an pour les logements rénovés. Ceci d’une part améliorera le confort des habitants et d’autre part réduira leurs charges locatives. En effet le diagnostic thermique des bâtiments existants fait apparaître de fortes déperditions liées aux grandes surfaces vitrées, aux murs extérieurs, à des ponts thermiques et au système défectueux du renouvellement d’air des logements.
La phase de multiplication du concept « PassivHaus » est en marche
Pour sa part, « Habitat 62/59 Picardie » a, en partenariat avec BASF, a lancé à Béthune l’une des premières opérations en locatif social labellisée « PassivHaus et BBC-Effinergie » de France et la première du Pas-de-Calais, en s’inspirant de l’immeuble « la Clairière » – le « modèle de l’habitat de demain », mais à plus grande échelle (15 et 34 logements ; contre 13 pour « la Clairière). Pour ces deux bâtiments, le but est d’atteindre les mêmes performances en termes d’économie d’énergie : un besoin en chauffage de moins de 15 kWh/m².an. Pour cela les mêmes solutions innovantes déjà combinées pour « la Clairière » vont être appliquées aux futurs bâtiments de Béthune :
- le respect de l’architecture bioclimatique couplée à une toiture végétalisée qui ajoute à la fois un gain écologique et un aspect esthétique appréciable intégrant parfaitement le projet à son environnement ;
- une isolation optimale avec la pose en façade d’un système d’isolation thermique par l’extérieur de 30 cm, composé d’un matériau en polystyrène graphité, le Neopor fabriqué par BASF ;
- une ventilation assurée par un système de VMC double flux avec récupération de chaleur de la société Aldes, complétée par un puits canadien qui fournit une géothermie efficace et permet un apport de fraîcheur et confort en été ;
- une production d’eau chaude sanitaire assurée par des panneaux solaires installés sur le toit du bâtiment, celui-ci est également recouvert d’une couche végétale qui permet la récupération de l’eau de pluie et forme une barrière naturelle contre l’humidité et le froid.
La phase d’exécution des travaux devrait commencer en septembre 2010 pour se terminer en 2013.
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