Pour rendre l’eau potable en assurant une très bonne qualité sanitaire, les professionnels du traitement de l’eau recourent de plus en plus à une filtration par des membranes, barrières physique qui permettent de retenir les bactéries et virus et de limiter l’utilisation du chlore. Mais une surveillance rapprochée est indispensable, car, dans des cas limites, des virus peuvent parvenir à franchir ces barrières. En cas d’irruption massive de virus lors d’une épidémie de gastroentérites par exemple, lorsque les installations de traitement de l’eau sont vieillissantes ou que la pression varie de manière trop brutale, il peut arriver que des virus passent dans l’eau potable. Pour limiter au maximum ce type d’incidents, les professionnels testent régulièrement l’efficacité de leurs filtres, afin de prendre des mesures correctrices. Mais jusqu’à présent, les tests existants ne pouvaient être effectués qu’en dehors des systèmes en activité, dans des contextes très simplifiés.
Pour aider les industriels à prévenir les problèmes et à les repérer plus vite lorsqu’ils se produisent, Corinne Cabassud, chercheur à l’INSA de Toulouse, et son équipe du Laboratoire d’ingénierie des systèmes biologiques et des procédés (INSA de Toulouse/INRA/CNRS), ont mis au point de nouveaux outils. « Nous avons manipulé des virus désactivés, donc inoffensifs, pour les rendre très réactifs à certains composés chimiques que nous savons mesurer très rapidement. Comme nous sommes certains qu’ils ne présentent pas de danger, nous pouvons les injecter directement dans l’eau et repérer ensuite s’ils traversent ou non les membranes », explique Corinne Cabassud.
Son équipe utilise actuellement ces tests à l’échelle du laboratoire et des applications semi-industrielles pour essayer de mieux comprendre dans quelles conditions les virus sont susceptibles de traverser les membranes. Des expériences très utiles pour les industriels qui doivent choisir les membranes et les conditions de traitement d’eau les plus fiables pour leurs installations. Grâce à ces tests, ils pourront également, à terme, détecter un problème en l’espace de quelques minutes et comprendre son origine, ce qui leur permettra de réagir rapidement et de manière plus adaptée.
Par Marc Chabreuil
Cet article se trouve dans le dossier :
Durabilité des matériaux : quels enjeux pour les industriels ?
- Des sédiments comme source alternative à l'argile des carrières
- Micro-algues : toujours dans la course aux biocarburants ?
- Voitures électriques : une nouvelle batterie au lithium atteint 200 000 cycles
- PHBOTTLE : du jus devient bouteille !
- Agroalimentaire : la peau de tomate transformée en bioplastique
- Textiles: Econyl, des déchets transformés en nylon
Dans l'actualité