Transporter des charges lourdes ; permettre un accès à internet partout dans le monde ; collecter des données depuis des endroits reculés… Les possibilités d’usage du dirigeable sont nombreuses et intéressent la communauté scientifique tout autant que les industriels des télécommunications, de la sécurité ou de la protection de l’environnement.
Lancée en 2014 avec le programme de réindustrialisation de la France baptisé Nouvelle France Industrielle, la filière « dirigeables et drones civils », doit, selon Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’économie, participer à la « révolution de la mobilité décarbonée ».
Le Stratobus : un relais pour les satellites
Bien qu’imposant avec ses 50 000 m3, ce dirigeable se veut être une solution durable et efficace en matière de sécurité. Preuve que l’Etat en est convaincu : dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir, il vient d’octroyer une aide de 16,6 millions d’euros à Thales Alenia Space pour développer ce dirigeable stratosphérique autonome.
Capable de stationner à 20 km au-dessus de la Terre pendant une année complète grâce à sa motorisation électrique et à l’énergie solaire, il offrira une solution d’appui aux satellites, pour la surveillance des frontières et des sites sensibles par exemple. Il pourra aussi jouer un rôle dans l’observation des phénomènes naturels. Enfin, ses développeurs comptent également lui trouver des débouchés dans le déploiement d’internet, et notamment de la 5G. Avec une phase d’industrialisation prévue en 2018 et une mise en service espérée pour 2020.
Une filière qui s’organise
La filière industrielle française des dirigeables a intégré le pôle de compétitivité, Safe Cluster, qui regroupe chercheurs et industriels travaillant autour de la sûreté et de la sécurité. Ce cluster réunit aujourd’hui une communauté de près de 600 membres composée d’entreprises et d’organismes de recherche et de formation, issus majoritairement des secteurs de la sécurité, de la protection environnementale et de l’industrie aéronautique et spatiale. L’avenir des dirigeables est prometteur : le marché accessible aux entreprises françaises est estimé à plus d’un milliard d’euros par an.
3000 emplois d’ici 2030
Depuis quelques mois, la filière s’est installée sous forme d’un « AirShip Village » dans les Bouches-du-Rhône. C’est là que les premiers dirigeables français, version modernisée, devraient être construits. Le site vise 3000 emplois d’ici 2030. En plus du Stratobus, deux autres projets, soutenus par Safe Cluster, devraient rejoindre ce village dédié aux ballons. Le projet Aerolifter porte sur un dirigeable filoguidé spécialisé dans le travail aérien en zone montagneuse ou pentue en particulier pour le débusquage (retrait, transport et stockage des grumes en exploitation forestière). Sa particularité est qu’il est piloté pour rejoindre sa zone d’opération, puis passe en mode captif filoguidé pour l’opération de débusquage. Les deux versions de l’Aerolifter seront capables de transporter des charges de 2t ou de 4t sur des petites distances de l’ordre de 2 km. Le second projet, DCL60T (dirigeables charges lourdes) est porté par l’entreprise Flying Whales en collaboration notamment avec l’ONERA. Dotés de la flexibilité opérationnelle d’un hélicoptère, ces dirigeables auront un coût d’exploitation à la tonne transportée dix à vingt fois plus faible que ce dernier.
Des projets partout dans le monde
Sur le marché mondial, certains ont déjà pris un peu d’avance. A l’instar de Google qui, depuis trois ans maintenant, teste des ballons Wi-Fi, alimentés à l’énergie solaire et dont le but est d’assurer une couverture internet optimale. Ou encore le projet américain Airlander, finalement récupéré par Hybrid Air Vehicles, une société britannique dont le prototype a été officiellement présenté en mars dernier.
Plusieurs autres projets sont en cours dans le monde. Lokheed Martin au Canada avec ses Hybrid Airships pour le transport de fret ou de personnel des industries minières et dont les premiers vols sont prévus en 2018 pour des livraisons dès 2021. L’entreprise américaine, LTA Aerostructures a, quant à elle, prévu d’investir 350 millions de dollars sur le site de Mirabel (ancien aéroport de Montréal, désormais réservé au fret) pour construire des dirigeables d’approvisionnement du grand Nord. Premiers vols prototypes prévus pour 2019.
Sophie Hoguin
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