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De nouveaux défis pour la compensation carbone

Posté le par Matthieu Combe dans Entreprises et marchés

La compensation carbone a commencé sur une base réglementaire avec le protocole de Kyoto qui a permis des mécanismes de compensation entre pays. Avec le développement du marché de la compensation volontaire pour les entreprises dans un cadre beaucoup moins strict, plusieurs acteurs s’organisent.

« Sur les deux dernières années, le marché de la compensation volontaire est en très forte effervescence avec beaucoup de changements, surtout avec la nécessité d’aligner ce marché sur le cahier des charges de l’Accord de Paris, partage Marion Verles, à la tête de la fondation Gold Standard, lors de l’événement Neutrality organisé en ligne fin juin. Une gouvernance du marché menée par Mark Carney se met en place pour voir émerger une taxonomie sur les définitions clés comme le crédit carbone et l’unité à échanger sur les marchés. »

Séquestrer les émissions de façon permanente

Le marché de la compensation volontaire permet de neutraliser les émissions des entreprises en achetant des unités de séquestration. Mais la question de la gestion des risques se pose dans un contexte de changement climatique incertain. Avec un projet de séquestration forestier, comment s’assurer que la forêt ne tombe pas malade, brûle ou inverse son fonctionnement pour devenir émettrice nette de CO2 d’ici 10, 20 ou 50 ans ? « La qualité de la séquestration peut varier grandement d’un type de projet à l’autre, notamment à cause de la question de la permanence, analyse Marion Verles. Il est très difficile pour les acheteurs de savoir si les unités qu’ils achètent seront véritablement permanentes et à quelle échelle de temps. C’est pourquoi l’on voit émerger des agences de notation et de nouveaux standards qui ont pour objectif de pallier ces problèmes ».

« Pour neutraliser des émissions résiduelles avec une unité de séquestration, il faut pouvoir s’assurer que cette unité de séquestration sera permanente », poursuit Marion Verles. Il s’agira d’exclure les unités de séquestration qui ne sont pas permanentes « à une échelle idéalement de 100 ans » pour neutraliser une émission qui restera dans l’atmosphère pendant cette période de temps. « Un projet Gold Standard met en place des mécanismes de gestion du risque de permanence qui sont les plus robustes sur le marché, défend Marion Verles. Il doit mettre 20% de ses crédits dans une réserve pour servir d’assurance en cas de non-permanence. »

Le choix des unités de séquestration apparaît capital. Marion Verles explique : « Il est vraiment important pour les entreprises de comprendre qu’il faut bien choisir ses unités de séquestration : les critères de permanence, d’additionnalité, de vérification et de certification externe, d’unicité du crédit sont aussi importants, voire plus importants, dans la séquestration que dans la réduction et les profils de risques vont varier de façon très importante selon la typologie de projet. »

De l’international au local

Dans le domaine forestier et du carbone biologique, le marché de la compensation s’est développé sur des offres à l’international, notamment dans les pays tropicaux – Pérou, Brésil, Afrique, Indonésie – avec des coûts extrêmement bas. Depuis quelques années, les acteurs s’orientent de plus en plus vers des actions plus locales. Il s’agit « de renationaliser voire de régionaliser les actions et mettre en place des activités de séquestration dans le sol, dans les forêts au niveau de la région et du pays plutôt que de financer des projets éloignés », explique Sylvain Goupille, directeur associé chez Le Printemps des Terres, société dédiée à la transition écologique de l’agriculture et des territoires agricoles français.

Côme Perpère, directeur transformation et durabilité chez Microsoft France, témoigne de la difficulté à trouver des projets ambitieux hors projets forestiers. L’entreprise émet chaque année 12 millions de tonnes de CO2. Son objectif est de réduire ses émissions de 50 % d’ici 2030 et de compenser les émissions restantes. Pour ce faire l’entreprise a lancé un premier appel à projets. Sur 189 projets reçus, l’entreprise en a sélectionné 25 de façon à compenser déjà 1,3 million de tonnes. « Sur les 1,3 million de tonnes, on a plus d’1,1 million de tonnes liées à des solutions forestières, 100 000 à du ‘soil sequestration’.  On est assez alarmé que les solutions hors forestières existent à une échelle très très réduite », alerte le directeur, invitant le marché à développer davantage de projets.

Marion Verles abonde dans ce sens : « Il faut développer de nouvelles méthodologies, de nouvelles approches pour faire émerger une nouvelle génération de projets qui vont remplir ces cahiers des charges et avoir accès à une plus grande diversité de solutions de séquestration. »

Il est aussi important de s’assurer que les problématiques de double compte soient prises en compte et résolues. « L’approche du Gold Standard et d’un certain nombre d’organisations de la société civile est de dire que pour communiquer sur une neutralité carbone, il faut que la tonne utilisée ne soit pas comptabilisée dans l’inventaire national et qu’elle ne soit pas utilisée par le pays pour atteindre ses objectifs », partage Marion Verles. Les entreprises peuvent utiliser et financer ces unités, mais la communication doit alors être adaptée pour refléter la véritable nature qui est celle d’une contribution financière.

Cet article se trouve dans le dossier :

Éviter, réduire, contribuer : la finance carbone fait la chasse à l'écoblanchiment

Le cercle vertueux de la contribution volontaire
Compensation carbone : un foisonnement de projets
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Pour aller plus loin
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Posté le par Matthieu Combe


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