Les clichés commentés par la NASA en fin de semaine dernière laissent peu de place au doute, selon de nombreux scientifiques et experts : les traces sombres et ondulantes apparaissant sur les clichés de la surface de la planète Mars pris par la sonde spatiale américaine « Mars Reconnaissance Orbiter » (MRO), pourraient bien être le signe de la présence d’eau à l’état liquide sur la planète rouge, relançant d’ores et déjà le débat et les spéculations concernant l’éventuelle présence d’organismes microbiens sur le sol martien. De l’eau sous forme liquide, du carbone et une source d’énergie : la vie…
Eau sous forme liquide
On avait déjà la certitude de la présence d’eau sous forme de glace sur Mars, et tout laisse à penser que les divers canyons et autres curiosités géologiques ont bien été sculptés par la présence (passée) d’eau liquide. Et c’est bien de cette eau liquide dont la chimie a besoin pour donner la vie. Les photos haute résolution de la sonde spatiale MRO, entrée en orbite autour de la planète rouge en 2006, montrent bien des trainées de plusieurs mètres de large, apparaissant lors du printemps martien sur des pentes raides, et s’élargissant jusqu’à plusieurs centaines de mètre lors de l’été martien. Un cratère en particulier contiendrait près d’un millier de ces trainées.
De l’eau salée ?
Trouver des sillons n’est évidemment pas la même chose que trouver de l’eau, un instrument à bord de la sonde n’en ayant pour le moment pas détecté, peut-être à cause d’une quantité trop faible selon les experts. Dans un article publié vendredi dans le magazine Science, le professeur Alfred S. McEwen de l’université d’Arizona, rappelle qu’il n’y a pour le moment pas de détection directe de la présence d’eau sur Mars. Il avance que l’eau potentiellement découverte pourrait être de l’eau salée, expliquant qu’elle peut demeurer liquide malgré les basses températures régnant sur la planète – la présence de sel étant avérée sur Mars.
Analogie avec le « pergélisol »?
Pour le moment, les scientifiques ne parviennent pas à expliquer la raison pour laquelle les écoulements, aperçus à sept emplacements différents, auraient assombri le sol, pour ensuite disparaître lors de l’hiver martien. Certains avancent une possible analogie avec le pergélisol (le « permafrost » sibérien), désignant un sous-sol gelé en permanence pendant au moins deux ans. Le pergélisol possède une zone dite « active » qui dégèle en été, provoquant des écoulements et laissant apparaître un sol plus foncé captant la chaleur. Mais de leurs aveux, il reste très difficile d’avancer quelques explications en raison du manque de données.
Mars Science Laboratory fin 2011
L’astromobile du Mars Science Laboratory (MSL), mission d’exploration de Mars qui devrait être lancée en novembre et arriver en août 2012, ne permettra sans doute pas de donner d’indications supplémentaires car elle devrait atterrir beaucoup trop loin des traces. Il est peut-être encore temps d’y penser, car le projet accuse déjà plus de deux ans de retard et de nombreux dépassements budgétaires…
Par Rahman Moonzur