Dassault Systèmes, qui avait annoncé sa sortie du projet de Cloud Computing français « Andromède » en décembre dernier, a décidé de faire un nouveau pied de nez à ses anciens partenaires du consortium public-privé, en s’associant à l’opérateur de téléphonie SFR dans un projet concurrent. Le consortium d’État, dont les bases avaient été posées dès 2009 dans le cadre du Grand emprunt, unissait au départ Dassault avec l’opérateur Orange, le groupe électronique Thales et l’État français. Il avait pour but avoué de gérer les données informatiques des administrations et des entreprises nationales, en toute sécurité, grâce à la mise en place de gigantesques data-centers présents sur le territoire français.
Des tensions étaient vite apparues entre Dassault Systèmes et Orange, en raison des prix pratiqués par Orange jugés trop élevés, d’un désaccord quant au choix du futur dirigeant et de la mise en place d’une clause de non-concurrence (qu’Orange refusait catégoriquement, disposant déjà d’une offre Cloud Computing, « Cloud Pro »). Depuis la défection de Dassault Systèmes, les noms des groupes Atos et Capgemini n’ont cessé de circuler.
L’annonce du projet de partenariat Dassault-SFR « est une bonne nouvelle. C’est un signe de mobilisation des entreprises françaises sur l’enjeu stratégique du Cloud Computing. Le Fonds national pour la Société Numérique (FSN) peut tout à fait apporter son appui à plusieurs projets », a indiqué le ministre de l’industrie Éric Besson, bien qu’aucun projet n’ait encore été déposé devant la Commission.
L’État devait apporter une participation dans le consortium public-privé à hauteur de 135 millions d’euros par le biais de la Caisse des Dépôts. La participation de Dassault Systèmes et Orange s’élevait quant à elle à 60 millions d’euros chacun, et celle de Thales à 30 millions d’euros, pour un total de 285 millions d’euros d’investissement.
La France a accumulé près de dix ans de retard par rapport aux hébergeurs américains de Cloud Computing. Le projet de consortium français a pour but de se faire une place, à terme, dans un marché estimé à plus de 177 milliards d’euros à l’horizon 2020, tout en garantissant que les données des grands groupes français et des administrations restent sur le territoire français.
On peut par contre émettre des doutes quant à l’argument de sécurité avancé par l’État français, les données ne nécessitant pas vraiment d’être sur le territoire pour être sécurisées. Certaines PME innovantes, présentes dans le secteur depuis de nombreuses années, auraient pu voir d’un très bon œil l’arrivée dans leurs caisses d’une partie de ces investissements.
Par Moonzur Rahman
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