Selon des données de l'AIE et du FMI partagées par Anders Adamsen, conseiller du Ministre des affaires étrangères du Danemark, les émissions de C02 ont chuté d'un tiers entre 1990 et 2014 tandis que le PIB a augmenté de 42% sur la même période. C’est ce que les spécialistes appellent le « découplage ».
Ces données issues du monde réel battent en brèche la théorie des promoteurs de la décroissance selon laquelle toute croissance du PIB ne peut s’accompagner que d’une hausse des émissions de CO2. Raison pour laquelle ils estiment qu’il faut passer à un taux négatif de croissance du PIB, autrement dit à la « décroissance » (degrowth en anglais).
La voie du « découplage », doctrine reposant sur la croyance qu’il est possible de concilier développement économique et préservation de l’environnement, est notamment prônée par le Programme des Nations Unies par l’Environnement (PNUE) dans son rapport intitulé « Decoupling ».
Au Danemark plus de la moitié de la demande électrique a été couverte par le solaro-éolien durant l’année 2015. Le royaume de la petite couronne est suivi par le Portugal, l’Irlande et l’Espagne qui ont tous une part solaro-éolienne dépassant 20%. Pour l’Allemagne, la Grèce, le Royaume-Uni, l’Italie, la Roumanie, la Belgique et la Suède cette part est comprise entre 10 et 20%. La France est à moins de 5%, derrière la Pologne et la Bulgarie.
Les progrès danois, pays nordique, concernent aussi le chauffage, notamment grâce au CHP (Combined Heat and Power) décentralisé. Et aussi grâce aux transports de plus en plus efficients et électrifiés.
Le champion européen en matière d’électro-mobilité n’est cependant pas le Danemark mais la Norvège. Un pays où les voitures électriques sont propulsées par de l’hydroélectricité.
Olivier Daniélo
La rédaction de la revue « Casseurs de pub / La décroissance » (n°135, dec 2016 – janv 2017, page 13) a publié un commentaire suite à cet article. Voici la réponse de l’auteur.
arthurkeller a écrit: « ’il est impossible de croître sans augmenter aussi la quantité d’énergie consommée ».
Réponse: remplacer une voiture équipée d’un moteur à combustion par une voiture équivalente mais équipée par un moteur électrique permet de réduire massivement la quantité d’énergie consommée par kilomètre parcouru compte-tenu de l’efficience intrinsèque de l’électro-mobilité. Il est donc possible de croître (on peut faire davantage de kilomètre avec la voiture électrique tout en consommant moins d’énergie) tout en consommant moins d’énergie.
Durant toute l’histoire humaine les progrès technologiques ont permis de croître tout en consommant moins d’énergie (autrement dit, fondamentalement, de temps humain). Soit exactement le contraire de ce que vous affirmez. Le moteur fondamental du progrès, c’est l’amélioration de l’EROI.
« Dans l’excellent livre de Deberi, Deléage et Hémery, «Une histoire de l’énergie», les auteurs expliquent que l’évolution de l’humanité s’est faite par l’acquisition de convertisseurs performants « économisant l’énergie humaine » pour d’autres tâches et permettant ainsi d’accéder à plus de ressources.
Par exemple, la construction de bateaux à voile a permis de transporter des marchandises avec seulement 2-3 personnes là où il fallait avant une dizaine de rameurs en plus. L’énergie (principalement humaine) dépensée à construire le bateau à voile, permettait d’économiser beaucoup plus de travail humain puisque les rameurs pouvaient se consacrer à d’autres tâches non envisageables avant l’avènement du bateau à voile. Elle a également permis une croissance de la population par un accès à un périmètre d’approvisionnement en nourriture plus vaste pour un investissement humain identique. L’EROI du bateau à voile était largement supérieur à 1.
Au-delà du surplus énergétique dégagé par l’utilisation du vent, il fallait que ce surplus soit durable dans le temps car les anciens rameurs œuvraient à de nouvelles activités, qui n’étaient pas indispensables dans la société préalable au bateau à voile mais constituaient l’essence même de l’existence de la société moderne. (…) »
Source:
http://www.fondation-nicolas-hulot.org/sites/default/files/publications/151112_ela5_solaire_photovoltaique.pdf
arthurkeller a écrit: « ’il est impossible de croître sans augmenter aussi la quantité d’énergie consommée ».
Réponse: remplacer une voiture équipée d’un moteur à combustion par une voiture équivalente mais équipée par un moteur électrique permet de réduire massivement la quantité d’énergie consommée par kilomètre parcouru compte-tenu de l’efficience intrinsèque de l’électro-mobilité. Il est donc possible de croître (on peut faire davantage de kilomètre avec la voiture électrique tout en consommant moins d’énergie) tout en consommant moins d’énergie.
Durant toute l’histoire humaine les progrès technologiques ont permis de croître tout en consommant moins d’énergie (autrement dit, fondamentalement, de temps humain). Soit exactement le contraire de ce que vous affirmez. Le moteur fondamental du progrès, c’est l’amélioration de l’EROI.
« Dans l’excellent livre de Deberi, Deléage et Hémery, «Une histoire de l’énergie», les auteurs expliquent que l’évolution de l’humanité s’est faite par l’acquisition de convertisseurs performants « économisant l’énergie humaine » pour d’autres tâches et permettant ainsi d’accéder à plus de ressources.
Par exemple, la construction de bateaux à voile a permis de transporter des marchandises avec seulement 2-3 personnes là où il fallait avant une dizaine de rameurs en plus. L’énergie (principalement humaine) dépensée à construire le bateau à voile, permettait d’économiser beaucoup plus de travail humain puisque les rameurs pouvaient se consacrer à d’autres tâches non envisageables avant l’avènement du bateau à voile. Elle a également permis une croissance de la population par un accès à un périmètre d’approvisionnement en nourriture plus vaste pour un investissement humain identique. L’EROI du bateau à voile était largement supérieur à 1.
Au-delà du surplus énergétique dégagé par l’utilisation du vent, il fallait que ce surplus soit durable dans le temps car les anciens rameurs œuvraient à de nouvelles activités, qui n’étaient pas indispensables dans la société préalable au bateau à voile mais constituaient l’essence même de l’existence de la société moderne. (…) »
Source:
http://www.fondation-nicolas-hulot.org/sites/default/files/publications/151112_ela5_solaire_photovoltaique.pdf
L’information est intéressante… mais l’attaque sur les « promoteurs de la décroissance » est malhonnête. Trois remarques :
1. Il y a une différence entre « promouvoir la décroissance » et pointer du doigt l’impossibilité d’un « découplage ». La première chose est de nature idéologique, la seconde de nature scientifique.
2. Le découplage impossible n’est pas entre croissance et émissions de CO2 (si des « décroissants » prétendent cela, ce sont des gens qui, comme l’auteur de cet article, mélangent tout), mais entre croissance et énergie : l’idée est qu’il est impossible de croître sans augmenter aussi la quantité d’énergie consommée. Cela a toujours été le cas, sans exception.
3. Je ne doute pas que le Danemark rejette moins de CO2 sur son territoire… mais les Danois en rejettent-ils moins par leur consommation ? Ou bien ont-ils, comme les Français, externalisé leur pollution dans les pays qui produisent ce qu’ils consomment ? Si l’on ne compte pas ce qui est émis depuis le sol danois mais les émissions liées à la fabrication des produits consommés par les Danois (consommation finale des foyers mais aussi consommations intermédiaires des entreprises), alors le découplage annoncé n’est probablement plus vérifié. Mais il est probablement possible (ça, nul ne le nie, Monsieur Daniélo).
La compatibilité de la croissance du PIB avec la réduction des émissions carbone est une chose. Qu’en est-il de la croissance du PIB avec la réduction de l’exploitation de matières premières non-renouvelables ? Suivre les seuls émissions carbone comme indicateur de notre empreinte écologique est réducteur, même si cela représente un début appréciable.
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