Le 5 août 2012, Curiosity atterrissait dans le cratère de Gale à la surface de Mars avec pour mission de collecter des informations en vue d’évaluer les hypothétiques traces d’une vie antérieure ou actuelle sur la planète. Dès son arrivée, et après avoir effectué un voyage de 567 millions de kilomètres sur huit mois, les scientifiques ont testé les instruments de Curiosity. Car bien que l’appareil ait été essayé sur Terre, il fallait mesurer les performances de l’engin dans l’atmosphère de Mars.
À un rythme assez lent, il a parcouru trois mètres le premier jour, l’exploration de la planète rouge a alors débuté. Au programme notamment : prises de photo, analyses du sol et de l’air ambiant et collectes de cailloux. Grâce à cette dernière étape dans l’exploration interplanétaire, le rover a permis de confirmer les soupçons concernant la présence d’eau sur Mars en découvrant des cailloux transportés originellement par le lit d’un ruisseau.
Curiosity aurait également mis la main sur des molécules carbonées en analysant le sable du site Rocknest. Par la chauffe du sol martien, l’instrument Sample Analysis at Mars (SAM) aurait décelé des traces de deux espèces moléculaires : de l’oxygène (O2) et du chlorométhane (CH3CI). Le chlorométhane apporterait éventuellement une preuve de la présence de matière organique, provenant d’un bombardement de micrométéorites ou de Mars. Il faudra néanmoins attendre début 2013 afin de savoir si Curiosity a lui-même contaminé le sol martien. Et que l’on ne s’emballe pas non plus, qu’il y ait du carbone et de l’eau sur Mars ne signifie pas que son environnement soit propice à l’apparition de la vie.
Qui plus est, l’annonce fracassante de John Grotzinger, le responsable d’exploration de la planète Mars qui avait prédit une découverte historique, digne de rentrer directement dans les livres d’histoire, est aujourd’hui démentie par la NASA. Par un communiqué, l’agence américaine a en effet enterré cette belle promesse : « À ce stade de la mission, les instruments du robot n’ont détecté aucune indication définitive de matière organique martienne ». Selon toute vraisemblance, les scientifiques seront à l’avenir moins prompts à fournir de nouvelles informations. Les pistes devront être vérifiées avec exactitude avant d’être communiquées. Il en va de la crédibilité de l’agence spatiale.
Les chercheurs, en plus de vivre aux horaires de Mars, doivent surveiller jour et nuit le robot de manière à recevoir et traiter au plus vite les informations qu’il transmet. Tout en sachant qu’une donnée met 40 minutes à parvenir jusqu’à la Terre. Pour que ce rythme soit plus vivable, le Jet Propulsion Laboratory (JPL) a ajusté un emploi du temps plus souple sur deux ans, la durée prévue de l’espérance de vie de Curiosity.
Prochaine étape, le Mont Sharp, une montagne de 5.000 mètres d’altitude située à huit kilomètres de distance. Il s’agit de la destination principale de Curiosity. Pour s’y rendre, trois mois seront nécessaires au terme d’une marche de 100 mètres par jour. Ce cratère de 3,5 à 3,8 milliards d’années pourrait se révéler particulièrement intéressant puisqu’il s’agit d’un site ayant été propice à la vie, donc éventuellement synonyme de nouvelles découvertes.
Un petit frère de Curiosity serait envoyé dès 2020, prévenait l’agence spatiale américaine le 4 décembre. La plate-forme et la conception devraient être conservées en vue de diminuer les coûts. Cette annonce intervient peu de temps après que la NASA se soit retirée du programme européen ExoMars. Curiosity 2 aura pour mission de rapporter des échantillons de roches martiennes les plus intéressantes. Moins limités en taille, les laboratoires terrestres pourraient ainsi les analyser plus précisément et peut-être détecter des traces de vie. L’engin sera doté d’une foreuse capable d’atteindre une profondeur de deux mètres, un endroit moins soumis aux rigueurs martiennes.
Par Sébastien Tribot, journaliste scientifique
Sources :
- gentside.com/curiosity/
- lefigaro.fr/sciences/
- lemonde.fr/sciences/
- sciences-mag.fr/
- lemonde.fr/sciences/
Cet article se trouve dans le dossier :
La prévention du risque sur les sites industriels, une affaire d'amélioration continue
- Lubrizol : retour sur la gestion de l'incendie et de ses conséquences
- Lubrizol : un retour d'expérience instructif
- Quelles évolutions réglementaires pour prévenir le risque sur les sites industriels ?
- « La maîtrise des risques passe par la connaissance des évènements et le partage des expériences »
- Comment utiliser un retour d'expérience ?