23 % d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables d’ici 2020 : c’est l’objectif ambitieux que s’est fixé la France dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. La réalisation de cet objectif va requérir des efforts importants, qui devraient s’accompagner de réelles perspectives pour l’emploi. Entre temps, la crise économique et l’adoption du moratoire sur le photovoltaïque se sont invités au programme. Les 600 000 emplois verts annoncés par Jean-Louis Borloo à l’horizon 2020 sont-ils un objectif réalisable ou une utopie ?
Le volume de création d’emploi annoncé dans les énergies renouvelables est très variable selon les rapports. Quelques dizaines d’emplois selon l’étude Syndex commandée par la CFDT à plusieurs centaines de milliers selon le gouvernement. Difficile de faire le tri dans cette profusion de chiffres pas toujours cohérents.
Les chiffres clés :
- 134 000 emplois dans les énergies renouvelables prévus en 2020, selon une étude de juin 2009 sur les effets du Grenelle de l’environnement sur l’emploi, réalisée par Boston Consulting Groupe (BCG) à la demande de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie. L’étude suppose la pleine réalisation des programmes du Grenelle, qui doivent permettre une réduction de 25 % des émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2020 et générer environ 450 milliards d’euros d’activité sur 12 ans ;
- 684 000 emplois dans les énergies renouvelables attendus en 2020, selon l’étude réalisée en 2008 pour le WWF. À la différence de l’étude de BCG, celle-ci prend en compte les emplois détruits dans les filières polluantes (138 000 dans l’énergie, 107 000 dans l’automobile) mais aussi les emplois induits par les économies réalisées par les ménages dans leur consommation énergétiques ;
- 300 000 emplois dans les énergies renouvelables annoncés pour 2020, selon le SER (Syndicat des Energies Renouvelables) ;
- 120 000 emplois directs dans les énergies renouvelables prévus en 2012, selon une étude de l’ADEME, soit plus du double du chiffre de 2007. 35 000 seraient consacrés à la production d’énergie marchande ou à l’entretien des équipements de chauffage domestique et 85 000 à la production, la distribution et l’installation des équipements ;
- 60 000 emplois attendus dans l’éolien en 2020, selon le SER ;
- 5 000 emplois crées en 2012 et 19 000 emplois crées en 2020 dans la biomasse, selon la société Dalkia France ;
- 9 000 emplois prévus dans l’éolien en 2010, selon le SER.
Scénarios de déploiement des énergies renouvelables : éolien, solaire thermique et photovoltaïque
Scénario Tendanciel | 2006 | 2007 | 2012 | 2020 |
Eolien MW installés | 1567 | 2455 | 2200 | 2012,5 |
Solaire thermique M2 isntallés dans l’année | 298000 | 320000 | 1438000 | 2250000 |
Solaire photovoltaïque MW installés | 14,4 | 37,5 | 300 | 537,5 |
Scénario Crise | 2006 | 2007 | 2012 | 2020 |
Eolien MW installés | 1567 | 2455 | 1760 | 1610 |
Solaire thermique M2 installés dans l’année | 298000 | 320000 | 1150400 | 1800000 |
Solaire photovoltaïque MW installés | 14,4 | 37,5 | 240 | 430 |
Source Syndex
Hors installation, l’effet sur l’emploi dans l’industrie, quel que soit le scénario (tendanciel ou crise), compte tenu des hypothèses retenues du taux d’ouverture des marchés, est loin d’être négligeable, notamment pour le solaire thermique et photovoltaïque.
Sur la période 2012-2020, en moyenne annuelle, les emplois dans l’industrie s’élèveraient à 22 275 emplois à taux plein, soit 49 % des emplois liés aux investissements dans l’éolien et le solaire, hors exportation, en croissance de 25 % par rapport à la période 2007-2012. Par rapport à 2007, année de référence, les emplois dans l’industrie décollent véritablement sur la période 2007-2012, passant ainsi de 2 912 emplois à taux plein à 14 435 emplois à taux plein. Toutefois, cette estimation ne tient pas compte de l’effet de la crise sur les investissements dans le secteur des énergies renouvelables. Ainsi, si l’on tient compte d’une hypothèse de recul de 20 % des investissements, les emplois dans l’industrie seraient ramenés à 8 347 emplois à taux plein sur la période 2007-2012 et à 12 393 emplois à taux plein sur la période 20012-2020.
Source Syndex
Comme le montre l’histogramme ci-dessus, cette croissance des emplois dans l’industrie bénéficie surtout à l’industrie de fabrication des composants électroniques actifs et à l’industrie de fabrication des équipements domestiques non électriques. Sur la période 2012-2020, ces deux industries représentent 72 % des emplois des emplois directs liés aux investissements dans les équipements.
Impact emploi par types d’industrie (emploi direct)
2006 | 2007 | 2012 | 2020 | |
Industries des équipements mécaniques | 541 | 643 | 1591 | 1456 |
Fabrication d’équipements domestiques non électriques | 900 | 1234 | 5469 | 8557 |
Fabrication de composants électroniques actifs | 298 | 759 | 5889 | 9983 |
Ingénierie | 263 | 400 | 1732 | 2503 |
Total emplois dans l’industrie | 2008 | 3036 | 14681 | 22500 |
Ces emplois directs recouvrent pour la plupart des métiers traditionnels de l’industrie (mécanique, chaudronnerie, électronique, électrique), pour lesquels l’offre de formation existe aujourd’hui. Toutefois, il n’en est pas de même pour les métiers liés à l’ingénierie, pour lesquels les besoins d’une offre de formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés dans les technologies des renouvelables apparaissent déterminants pour porter le développement de ce type d’énergie. Il en est de même pour les métiers liés à l’installation et à la maintenance de ses équipements, dont l’offre de formation apparaît sans commune mesure avec les besoins.
Croissance verte : des chiffres dans le rouge
La CFDT et la CGT ont demandé au cabinet Syndex d’explorer le revers de la médaille verte : la destruction d’emplois dans les filières traditionnelles, générée par le durcissement des obligations environnementales. Dans le secteur automobile, l’essor des moteurs hybrides causerait la perte en France de 4 000 à 8 000 spécialistes du moteur thermique à l’horizon 2020. La réglementation plus sévère dans la sidérurgie détruirait pour la filière fonte entre 3 000 et 6 000 emplois. « Résultat, le solde net de créations d’emplois pour 2020 serait plus proche des 60 000 que des 60 0000 annoncés en fanfare », déplore Jean-Pierre Bompard, délégué à l’environnement pour la CFDT.
C.H.
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