Une étude récente s'est penchée sur les liens entre la prospérité économique et l'empreinte carbone. Résultats : les pays les plus riches sont ceux qui produisent le plus de CO2 et une croissance de 10 % du PIB s'accompagne quasi invariablement d'une augmentation de 8 % des émissions de CO2.
Une étude récente s’est penchée sur les liens entre la prospérité économique et l’empreinte carbone. Elle compare les émissions moyennes par habitant dans 73 pays à différentes étapes de leur développement [1]. Au final, c’est la corrélation forte entre la hausse du PIB et celle des émissions de CO2 qui s’inscrit comme l’élément d’information principal de cette étude.Cela signifie que la croissance économique aurait un lien de cause à effet avec les émissions de gaz à effet de serre [2]. Sans changements significatifs, la croissance des émissions de CO2 sera proportionnelle à la croissance continue de l’économie mondiale.Pendant longtemps, les politiques ont considéré que la croissance économique n’était que partiellement liée aux émissions de CO2. On pensait, avec optimisme, qu’avec la croissance, la consommation d’énergie augmenterait beaucoup moins que le PIB. Les activités de service qui ne consomment pas beaucoup d’énergie devaient profiter le plus de la croissance, tandis que les activités très consommatrices d’énergie comme la fabrication et la construction devaient diminuer. Ce consensus est probablement encore en vogue dans beaucoup de milieux politiques.
La part due à la production alimentaire baisse
Cette nouvelle étude montre que cette hypothèse n’est, au mieux, qu’en partie vraie. Le seul changement bénéfique vraiment important est que la part des émissions dues à la production alimentaire tend à diminuer dans les émissions totales des économies riches. Typiquement, un pays avec des dépenses par habitant de 4.000 dollars par an produit 1 tonne de CO2 par habitant par an dans le secteur des services.Cela peut aller jusqu’à 4 tonnes dans un pays très riche qui dépense 50.000 dollars par an et par habitant. Mais les émissions dues aux produits manufacturés sont neuf fois plus élevées dans les pays riches et les émissions dues au transport, huit fois plus élevées. La vérité est que la part de la fabrication et du transport dans les émissions des pays riches est plus importante. Pas moins.L’étude prend également en compte une estimation de l’impact des biens importés. Les émissions du Royaume-Uni sont en partie tronquées par la production de gaz à effet de serre des usines chinoises qui fabriquent les objets en plastique, l’électronique et les meubles qui lui sont destinés. L’étude montre que les biens importés (une fois déduites les émissions produites par les exportations) relèvent de 11 % les émissions britanniques, un taux parmi les plus élevés au monde. Le Royaume-Uni a fait peu de progrès visibles pour « décarboniser » ses émissions.Cela signifie qu’il existe une relation quasi mécanique entre le PIB et les émissions de CO2. Aucun pays n’a réussi à dissocier ses émissions de gaz à effet de serre de sa croissance. Une croissance de 10 % du PIB s’accompagne quasi invariablement d’une augmentation de 8 % des émissions de CO2.
Notes
[1] Edgar G. Hertwich and Glen P. Peters, Carbon Footprint of Nations : A Global, Trade-Linked Analysis, Environmental Science and Technology (2009).[2] L’étude d’Hertwich et Peters est une étude transversale à un moment donné. Les pays riches émettent plus de CO2 que les pays pauvres. Cela ne signifie pas nécessairement qu’un pays pauvre qui s’enrichit grâce à la croissance économique émettra plus d’émissions de CO2. Cela le rend simplement très probable.Lire les données détaillées dans l’article originalPar Chris Goodall, auteur, entre autres, de 10 Technologies pour sauver la planète. Il est également éditorialiste pour The Independant on Sunday et le Guardian.
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