La plate-forme Covid3D met en relation des particuliers équipés d’imprimantes 3D avec des entreprises et personnels à la recherche de visières. Dans toute la France, la solidarité s’organise. Entretien avec Axelle de la chaîne youtube Le labo d’Heliox, à l’origine de l’initiative.
Axelle a créé sa chaîne Youtube Le labo d’Heliox fin 2017. Elle y présente habituellement des projets pour imprimantes 3D et donne ensuite à ses abonnés la possibilité de les refaire à la maison. Elle a lancé fin mars avec Antonin Tailhandier la plate-forme Covid3d pour mettre en relation les makers avec les entreprises et personnels à la recherche de visières de protection dans toute la France.
Techniques de l’ingénieur : Comment est née l’idée de la plate-forme Covid3D ?
Axelle : J’ai lancé la plate-forme à la suite d’un appel sur Twitter. J’avais proposé aux gens de ma région et au personnel soignant de les fournir en visières car je dispose de plusieurs imprimantes 3D. J’ai eu beaucoup trop de demandes par rapport à ma capacité de production. J’ai aussi reçu des messages de makers qui voulaient imprimer des visières. Dans le lot, Antonin m’a dit qu’il pouvait m’aider à développer une plate-forme.
J’ai ensuite lancé un appel à ma communauté. Elle est constituée principalement de makers qui disposent d’imprimantes 3D car c’est le cœur de ma chaîne Youtube. Nous avons aujourd’hui plus de 9 200 makers inscrits dans toute la France qui ont distribué plus de 83 000 visières.
Comment se fait le lien entre une demande et un maker ?
Le demandeur poste une annonce sur Covid3D.fr. Le maker se positionne selon sa région et ses possibilités de production. Il se propose, le demandeur accepte. Ils entrent alors en contact et s’arrangent pour les modalités de livraison. Je préconise que ce soit le demandeur qui se déplace pour les récupérer. Le maker pose les visières et recule pour laisser le demandeur les récupérer. La plate-forme est bénévole, mais le demandeur peut faire un don à son maker pour financer la matière première pour les suivants.
Qui sont les makers ?
Les makers sont exclusivement des particuliers, car la plate-forme n’autorise pas la vente de visières. Ils sont équipés d’une imprimante 3D à domicile et achètent eux-mêmes le matériel nécessaire à la fabrication des visières. Ils impriment les serre-têtes, achètent les feuilles transparentes et assemblent le tout pour livrer des visières complètes. Il faut compter en moyenne une heure pour fabriquer une visière.
N’importe quel type de plastique peut convenir pour le serre-tête, les feuilles sont en PVC, il s’agit de feuilles transparentes de reliures classiques.
Faites-vous un choix dans les demandeurs acceptés sur la plate-forme ?
Tout le monde est accepté, car toute personne qui travaille en contact avec du public a le droit de se protéger. C’est dans l’intérêt de tout le monde. Au début, la plupart des demandeurs étaient du personnel soignant – des milieux hospitaliers, EHPAD, infirmières libérales, et toutes autres personnes du secteur de la santé, car beaucoup de personnes étaient confinées. À mesure que le 11 mai approche, de plus en plus de personnes souhaitent anticiper le déconfinement et s’équiper en visières pour être prêtes à travailler sur le terrain, au contact du public. Nous avons des travailleurs de tous horizons : des coiffeurs, des personnels de magasins, etc.
Y a-t-il des normes particulières à respecter ?
Il n’y a pas de normes particulières. N’importe quel plastique peut convenir à condition de respecter certaines bonnes pratiques. À la réception, il faut par exemple désinfecter les visières, respecter les bonnes pratiques de nettoyage et changer la feuille plastique lorsqu’elle se détériore.
Nous nous sommes spécialisés sur la visière, car d’autres types de protections sont plus assujettis à la réglementation. On ne peut pas fournir tout et n’importe quoi. C’est par exemple le cas des adaptateurs de matériel respiratoire. On ne peut pas se risquer à en fournir sans contrôler la qualité de l’impression. C’est aussi le cas pour les masques, d’autant plus que nous avons des makers pour imprimer, mais pas de couturiers.
Plusieurs initiatives se développent. Travaillez-vous ensemble ?
Il existe des groupes Facebook locaux, l’association Visières solidaires et bien d’autres. Il n’y a pas vraiment de sens à se rassembler, car le but est justement de se répartir la tâche pour qu’un maximum de personnes puissent être équipées. Nous avons soulagé plusieurs petits groupes Facebook locaux, car tout se fait automatiquement sur la plate-forme. C’est dingue de voir cette solidarité et d’avoir réussi à distribuer autant de visières gratuitement. Les gens prennent de leur temps et de leur argent, beaucoup plus que ce que j’avais prévu.
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