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Corri-door : 200 bornes de recharge électrique rapide

Posté le 27 avril 2016
par Matthieu Combe
dans Innovations sectorielles

200 bornes de recharge rapide vont bientôt sillonner le territoire français. Ce nouveau réseau permettra de relier les grandes villes en véhicule électrique.

Corri-door, c’est 200 bornes de recharge rapide de 50 kilowatts réparties sur les grands axes autoroutiers français ou à proximité immédiate. Il est désormais possible de relier deux villes éloignées de plus de 150 km en véhicule électrique, sans risquer la panne de courant. Bientôt, une borne de recharge rapide maillera les grands axes tous les 80 kilomètres.

Dans ce cas, exit la recharge lente nécessitant d’immobiliser son véhicule pendant 8 heures. Les bornes du réseau Corri-door, installées par le groupe français Cahors et exploitées par Sodetrel, filiale d’EDF, permettent de recharger la batterie d’un véhicule électrique à hauteur de 80 % en 30 minutes.

160 bornes sont d’ores et déjà installées ; parmi elles, 110 sont en exploitation commerciale. L’ensemble des 200 bornes devraient être installées et en service d’ici juin prochain. L’état d’avancement du déploiement des bornes Corri-Door peut être suivi sur sodetrel-mobilite.com.

Se rassembler pour mieux déployer les bornes

Le réseau de charge du projet Corri-Door a été reconnu de « dimension nationale » par une décision ministérielle du 29 janvier 2016, ce qui l’exonère de la redevance d’occupation de l’espace public. C’est une bonne nouvelle lorsque l’on sait qu’une borne de recharge rapide coûte en moyenne 40 000 euros.  Le projet a nécessité 10 millions d’euros d’investissements. Il fallait donc qu’il soit porté par de grands acteurs. La Commission européenne a financé 4,85 millions d’euros dans le cadre du projet du programme Réseau transeuropéen de transport « RTE-T », le reste a été apporté par un consortium privé. L’opération est coordonnée par EDF, sa filiale Sodetrel est propriétaire du réseau de bornes de charge et assure son exploitation. Quatre constructeurs automobiles – Renault, BMW, Nissan, et Volkswagen -, ainsi que ParisTech, participent au projet.

Plusieurs partenariats commerciaux ont été élaborés pour accueillir les bornes. A noter la présence de sociétés d’autoroute (Sanef, APRR, Vinci Autoroutes et Atlandes), d’opérateurs de distribution de carburant et d’enseignes de la grande distribution.

Il faut dire que grâce à ce nouveau maillage, les industriels espèrent faire changer d’échelle le marché de la voiture électrique. En 2015, selon l’Avere, plus de 20 000 véhicules électriques ont été immatriculés et la France compte désormais un parc roulant de plus de 65 000 véhicules électriques. Ils représentent près de 1% des immatriculations de véhicules neufs. Loin encore de l’objectif  de deux millions de voitures électriques en circulation en Europe à l’horizon 2020.

Comment minimiser l’impact sur le réseau ?

Les bornes ne sont dotées que d’une seule place de stationnement. Tri-standards (AC, Combo et CHAdeMO), elles sont compatibles avec l’ensemble des véhicules électriques et hybrides rechargeables du marché qui acceptent ce mode de charge. La borne possède également une prise domestique pour la recharge lente. « Cette prise est principalement là pour pouvoir recharger un véhicule en cas de problème technique sur la charge rapide. Si un utilisateur l’utilise alors qu’il n’y a aucun problème, la charge lui sera facturée comme une recharge rapide, car notre intention est d’encourager les utilisateurs à libérer les places après recharge », annonce Sodetrel.

Pour minimiser l’impact sur le réseau, certaines bornes seront équipées d’un prototype de pack de « batteries tampons » lithium-ion. « L’intérêt est de se cantonner à un contrat de 36 kVA, sans avoir à passer à 50 kVA, car dans certaines zones rurales, le passage à un contrat de 50 kVA nécessiterait de nouvelles infrastructures qui augmenteraient encore le coût de l »installation », explique Sodetrel. « Si à l’avenir nous souhaitions installer une deuxième borne de charge rapide sur certaines stations, nous pourrions généraliser le système de batteries tampons pour limiter l’impact sur le réseau et les coûts d’installation », précise la filiale d’EDF. Notons que les bornes sont alimentées à 100 % en électricité d’origine renouvelable, grâce à des certificats de garantie d’origine fournis par EDF.

Quel est le prix de ce service ?

Sans abonnement, il est possible d’utiliser les bornes du réseau soit en achetant un pass préchargé (20 euros pour 2 charges de 30 minutes) dans les boutiques de stations-service où les bornes sont implantées, soit par SMS via le numéro de téléphone indiqué sur la borne (9 euros pour une charge). Il est également possible de s’abonner pour 1 an au Pass Sodetrel pour un tarif mensuel compris entre 2 et 10 euros, en fonction de vos besoins. A  2 ou 5 euros, la recharge de 15 minutes vous coûtera 3,5 euros. La différence : la formule à 5 € comprend un temps de charge de 5h dans le réseau Sodetrel hors-Corri-door. Les gros utilisateurs préfèreront la recharge à 10 € qui permet de ne payer que 1,5 € les 15 minutes. Avec cette tarification, Sodetrel prévoit une rentabilité à partir de 7 charges par borne et par jour.

Il existe une option différente : les constructeurs membres du consortium devraient proposer à leurs clients d’accéder aux bornes via leurs propres bages et leur propre tarification. Le pass Charge Now de BMW, étant géré par Sodetrel, est déjà comptabible.  Pour les autres (ZE Pass de Renault, ZECP de Nissan et e-pass de Volkswagen), les négociations commerciales sont en cours pour définir les tarifications et devraient aboutir d’ici l’été. Enfin, Sodetrel développe une application qui permettra d’identifier les bornes libres en temps réel et de réserver une charge. Elle permettra aussi de payer directement une charge.

Un retour d’expérience sera adressé cet été à l’Union européenne par EDF. Il orientera  les modalités de déploiement ultérieur d’un réseau d’infrastructures de charge interconnectées et interopérables tant au niveau national que transfrontalier.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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