À Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 aux pays en développement afin d’atténuer et s’adapter au changement climatique et favoriser les technologies bas carbone. La COP29 doit définir le nouvel objectif de financement climatique (New Collective Quantified Goal, NCQG). Il devra remplacer l’objectif des 100 milliards à partir de 2025.
Le plus grand bloc de négociation, le G77 + la Chine, s’est accordé sur un nouvel objectif pour le NCQG. Ils demandent 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2030 et réclament davantage de subventions plutôt que des prêts. Le groupe d’experts indépendants sur la finance climat (IHLEG) piloté par l’économiste Nicholas Stern proposait pour sa part au moins 1 000 milliards de dollars par d’ici 2030 pour les pays émergents et en développement, à l’exclusion de la Chine, dont 50 % viendrait du secteur privé.
Les ONG appellent à au moins 1 000 milliards de dollars en subventions
Le Réseau Action Climat veut aller plus loin. « Au niveau de notre réseau international [Climate Action Network, CAN] d’environ 2 000 ONG, on prône un chiffre de 1 000 milliards de dollars en subventions, hors finance privée, partage Gaïa Febvre, responsable politiques internationales au Réseau Action Climat. On défend aussi des sous-objectifs : 30 % pour l’atténuation, 30 % pour l’adaptation et 40 % pour les pertes et dommages ».
La route reste longue. Les chiffres de l’OCDE montrent que la promesse des 100 milliards n’a été atteinte qu’en 2022 avec deux ans de retard. En 2022, les pays développés ont en effet mobilisé 115,9 milliards de dollars pour financer l’action climatique des pays en développement dont 32,4 milliards pour l’adaptation. Selon l’OCDE, ce financement reste très majoritairement constitué de fonds de sources publiques, bilatérales et multilatérales confondues (80 % du total). « Les prêts continuent de représenter l’essentiel du financement climatique d’origine publique », reconnaît l’organisation.
Pourtant, l’argent existe bel et bien. Fanny Petitbon, responsable France chez 350.org, explique : « Ce n’est pas une question de manque d’argent, mais de manque de volonté politique. Rien qu’en 2020, les 50 plus grosses économies ont réussi à injecter 16 000 milliards de dollars pour booster leur économie à travers des mesures de relance, pourquoi pas ce même sursaut pour les finances climat ? Depuis 2020, les milliardaires ont aussi vu leur fortune augmenter de 3 300 milliards de dollars. »
Dans le texte en négociation, 350.org demande aux gouvernements qu’ils s’engagent enfin à rediriger les subventions aux énergies fossiles vers la transition énergétique. L’ONG appelle à ce que le texte incite les États à mettre en place des « taxes solidaires, progressives et justes pour financer la transition ». Ces taxes viseraient les secteurs et les individus les plus émetteurs. Parmi les propositions avancées : « taxation des ultra-riches, taxation sur l’extraction des fossiles, sur les profits faramineux de ces secteurs, taxation des secteurs maritime, aérien, sur les transitions financières », cite Fanny Petitbon.
Reste enfin à savoir qui contribuera à ces milliers de milliards de dollars. S’agira-t-il essentiellement d’une aide des pays développés vers les pays en développement ou les riches pays émergents participeront-ils également ? Y aura-t-il un fléchage d’une partie des financements vers les pays les moins avancés et les petits États insulaires ? Et s’agira-t-il en majorité de dons plutôt que de prêts ? C’est tout l’enjeu des discussions de cette nouvelle semaine de négociations.
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