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COP29 : les négociations sur le financement de l’action climatique seront tendues

Posté le 30 août 2024
par Arnaud Moign
dans Environnement

En juin dernier, 5 000 experts de 200 pays étaient réunis à Bonn (Allemagne) pour préparer la COP29 qui se tiendra à Bakou (Azerbaïdjan), du 11 au 22 novembre 2024. L’objectif : entamer des négociations en vue d’un accord sur la question du financement des politiques climatiques. Si les attentes initiales étaient élevées, les progrès n’ont malheureusement pas été à la hauteur et il reste encore beaucoup à accomplir pour que la prochaine COP soit un succès.

Après l’accord historique de la COP28 qui mentionnait pour la première fois un objectif de sortie de toutes les énergies fossiles et reconnaissait le nucléaire comme source d’énergie nécessaire pour atteindre la neutralité carbone, le thème majeur de cette année sera donc le financement de l’action climatique.

Lors du discours d’ouverture des négociations de Bonn, Simon Stiell, Secrétaire exécutif d’ONU Climat soulignait la nécessité de « faire des avancées décisives en matière de financement, le grand facilitateur de l’action climatique. » Car on ne le dira jamais assez : l’argent est le nerf de la guerre et la bataille du climat n’échappe pas à la règle.

Or, en matière de financement de l’action climatique, tout reste encore à accomplir, comme M. Stiell l’a rappelé en exhortant à « passer d’un projet zéro à des options concrètes pour un nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique. »

Vers des objectifs climatiques plus ambitieux

Deux acronymes en lien avec l’action climatique étaient au cœur des négociations à Bonn. Pour le volet financier, l’établissement d’un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) devra permettre aux pays en développement de financer leur action climatique en allant au-delà des 100 milliards de dollars mobilisés actuellement chaque année. Or, ce montant est très insuffisant, puisqu’il faudrait le multiplier par 10 ou 20 pour donner des résultats tangibles[1].

Et sur ce point, aucun accord n’a été trouvé. Pour le moment, la seule certitude est donc le plancher de départ des négociations de 100 milliards de dollars. Afin d’éviter un échec de la COP29, les parties ont néanmoins été invitées à un « prochain round » de négociations, un dialogue ministériel de haut niveau qui se tiendra en octobre, juste avant la COP.

L’autre point concerne les CDN, donc l’action climatique en elle-même. Les Contributions Déterminées au niveau National, ou CDN sont des engagements climatiques nationaux qui ont été définis dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), les CDN ont une importance capitale puisqu’elles « représentent des plans soutenus sur le plan politique pour investir dans des domaines clés qui ont le potentiel non seulement d’atteindre les objectifs climatiques, mais aussi de favoriser le développement durable. »

L’Accord de Paris stipule cependant que les mesures d’adaptation et d’atténuation doivent être mises à jour tous les 5 ans et que chaque mise à jour doit être plus ambitieuse. Or, selon le PNUD, les pays vulnérables et en développement en font plus que la moyenne mondiale au niveau des CDN. Le premier bilan mondial qui a été présenté lors de la COP28 l’a d’ailleurs démontré. Mais les discussions engagées à Bonn au sujet du renforcement des CDN, prévu pour 2025 (CDN 3.0), ont malheureusement manqué d’ambition.

Le financement de l’action climatique : un casse-tête annoncé pour la prochaine COP29

Après 10 jours de négociations à Bonn, le bilan est donc mitigé. Si des avancées ont été faites en vue de mettre en place un nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique, la partie la plus délicate reste à accomplir lors de la prochaine COP. Le statu quo en matière de financement est donc toujours d’actualité, une situation que regrette le Secrétaire exécutif d’ONU Climat.

Le discours de clôture de M. Stiell avait presque un ton de supplication, tellement les enjeux sont importants : « Je vous le demande instamment : ne laissez pas le travail le plus difficile pour le dernier moment. Le maintien du statu quo ne peut que conduire à l’échec, pour le financement de l’action climatique, et sur bien d’autres fronts, dans la lutte de l’humanité contre les changements climatiques (…) il nous reste une montagne très escarpée à gravir pour parvenir à des résultats ambitieux à Bakou. »


[1] Une récente étude avance le chiffre de 2 400 milliards par an !


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