Après treize jours de négociation, la COP26 a donné naissance au Pacte de Glasgow. Un compromis avec quelques avancées mais qui met à mal l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
La ministre de la Transition écologique y voit « un compromis » mettant la planète « dans le bon chemin ». Mais le Pacte de Glasgow ne garantit pas de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Et il ne répond pas aux appels des pays pauvres à relever l’aide à l’adaptation ou pour financer les « pertes et dommages ». Mais ce « n’est pas un texte qui est le plus ambitieux du monde », concède-t-elle.
Du côté de l’ONU et de la société civile, les jugements sont beaucoup plus cinglants. « Malheureusement la volonté politique collective n’a pas été suffisante pour surmonter de profondes contradictions » entre pays et « il est temps de passer en mode ʺurgenceʺ », a regretté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. La COP26 s’est résumée à du « bla, bla, bla », estime la jeune militante suédoise Greta Thunberg. Youth For Climat dénonce pour sa part « une défaite pour la justice sociale, écologique et la démocratie » et appelle à « lutter directement contre les plus gros pollueurs de ce monde ». Enfin, pour Attac, « c’est un échec sur toute la ligne ».
Des avancées a minima
La mention des énergies fossiles dans le Pacte de Glasgow est saluée par certains comme une avancée. C’est la première fois qu’un texte les mentionne dans le cadre de l’Accord de Paris. Pour autant, « aucune mesure concrète, aucun calendrier n’est prévu pour en sortir », déplore Attac. Et le terme « disparition progressive » du charbon a été remplacé in extremis par « diminution progressive » à la demande de la Chine et de l’Inde.
Du côté des avancées, le Pacte de Glasgow demande aux Parties de rehausser leur ambition climatique dès 2022 et non pas en 2025 comme le prévoyait l’Accord de Paris. Pourquoi ? Car les engagements actuels nous mènent vers un réchauffement de +2,7°C s’ils étaient respectés, selon l’ONU. Mais cela reste volontaire et non contraignant. D’ici 2024, les pays devraient fournir des informations plus régulières et plus solides sur l’état des émissions de GES et les progrès réalisés dans la mise en œuvre de leurs engagements.
Rendez-vous raté pour les 100 milliards de dollars
Les pays développés s’étaient engagés en 2009 à Copenhague à verser 100 milliards de dollars par an d’aides aux pays en développement à partir de 2020. Mais alors que cette enveloppe n’est toujours pas atteinte – il manque environ 20 milliards de dollars par an –, elle est déjà caduque. Les pays en développement demandaient pour leur part de relever l’aide à 1 300 milliards de dollars par an pour prendre en compte les « pertes et préjudices ». Finalement, le texte exhorte seulement les pays à « atteindre pleinement et de toute urgence » l’objectif de 100 milliards de dollars d’ici 2025.
L’UE et les États-Unis ont refusé de créer un fonds dans lequel les pays les plus pauvres pourraient puiser pour répondre à la crise. Cela a indigné les petites îles et de nombreuses nations vulnérables sur le plan climatique. D’ici 2025, les pays développés devront toutefois doubler leurs fonds collectifs pour l’adaptation, sur la base des promesses de 2019. Cela reste insuffisant, mais constitue une amélioration. Seul un quart environ du financement est actuellement consacré à l’adaptation, la majorité étant toujours consacrée à l’atténuation, au grand dam des pays du sud.
Un compromis pour l’article 6
Le pacte climatique de Glasgow entérine le marché carbone comme un levier essentiel de l’action climatique des États. Les pays pourront échanger des réductions d’émission sur le marché afin d’atteindre les objectifs de leur contribution déterminée au niveau national, sans double comptage.
Le texte adopté permet de « combler certaines des failles scandaleuses, comme le double comptage », qui permettrait à une tonne de CO2 d’être comptabilisée à la fois par l’acheteur et le vendeur, a commenté Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris. « Mais ce n’est pas suffisant pour empêcher les entreprises et les États de mauvaise foi de contourner le système », a-t-elle indiqué à l’AFP, réclamant un organe de surveillance de la mise en œuvre de ces marchés.
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