L’envoyé spécial chargé du climat John Kerry ouvrait mardi dernier le sommet de dirigeants au sujet du Global Methane Pledge. Cet engagement mondial vise la réduction de 30 % des émissions de méthane d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020. Pour cela, les pays déploieront des actions dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et des déchets. Depuis, une centaine de pays ont signé cet engagement, représentant 70 % de l’économie mondiale et près de la moitié des émissions anthropiques de méthane.
Une vingtaine d’acteurs privés s’engagent aux côtés de cette initiative pour un financement de 328 millions de dollars. « On peut y arriver » en conjuguant les efforts des politiques et du secteur privé, affirme John Kerry. En cas de succès, les signataires estiment que l’engagement permettrait de réduire le réchauffement d’au moins 0,2°C d’ici à 2050.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, rappelle que le méthane est largement plus problématique que le CO2 en termes de réchauffement climatique. Selon elle, ce gaz est « l’un de ceux que l’on peut réduire le plus vite. » « Ainsi, on pourrait éviter 200 000 décès » par an dans le monde, indique-t-elle. Les États-Unis, l’Union européenne et 103 pays (voir la liste complète) ont signé l’engagement. La Chine, la Russie, et l’Inde figurent parmi les absents.
Réduire les émissions de l’industrie pétrolière et gazière
Le président des États-Unis, Joe Biden, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avaient annoncé le Global Methane Pledge ensemble, le 17 septembre dernier. Or, l’industrie pétrolière et gazière représente 30 % du total des émissions de méthane des États-Unis. Pour respecter leur engagement, le pays prévoit donc de fixer des limites d’émissions, réduire les fuites de méthane sur les oléoducs et gazoducs et souhaite boucher des centaines de milliers de puits gaziers et pétroliers, dont beaucoup rejettent encore du méthane. Ces réglementations seront d’abord soumises à une période de débat public obligatoire avant une publication avant fin 2022.
Pour sa part, le Premier ministre canadien Justin Trudeau estime que le méthane est responsable de nombreux cas d’asthme du fait de la pollution qu’il engendre. Le Canada s’engage à réduire de 75 % les émissions de méthane liées à l’exploitation du pétrole et du gaz. « Nous nous engageons à réduire les émissions de méthane issues de l’agriculture et des sites d’enfouissement. C’est le moment d’agir pour des actions climatiques comme celles-ci. Vous pourrez toujours compter sur le Canada pour faire sa part », conclut Justin Trudeau.
L’Afrique, volontaire dans cet engagement
Le président de la République démocratique du Congo Denis Sassou-Nguesso indique pour sa part que l’engagement mondial pour réduire les émissions de méthane, responsable de 25 % du réchauffement climatique, est essentiel et répond aux attentes des populations mondiales. La République démocratique du Congo fera en sorte de réduire les émissions de méthane dans le secteur de l’énergie et de l’agriculture. « Le secteur des déchets sera neutre en émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 », annonce le président congolais.
« L’Afrique est à la fois l’un des plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre de la planète et l’un des continents les plus vulnérables face aux effets du réchauffement climatique ». Il rappelle également qu’aucun accord international n’oblige l’Afrique à s’engager dans quelconque décision internationale. Ainsi, l’engagement africain traduit une volonté certaine d’agir. Le représentant congolais annonce aussi la volonté de s’engager dans une transition énergétique pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles.
Les ONG pointent les grands oubliés de l’accord
Le think tank Ember relativise la portée de cet accord en soulignant que le méthane s’échappant des mines de charbon n’est pas pris en compte dans cet accord. Selon Ember, l’impact climatique à court terme du méthane émis par les mines de charbon est à lui seul plus important que l’ensemble des émissions de CO2 de l’Europe.
Nusa Urbancic, directrice des campagnes à la Changing Markets Foundation, souligne quant à elle que l’accord ignore « les plus gros pollueurs : l’industrie de la viande et des produits laitiers ». Il faudrait ainsi promouvoir selon elle des régimes alimentaires avec moins de viande et de produits laitiers, mais de meilleure qualité.
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