François Hollande a ratifié mercredi dernier l’accord de Paris sur la COP21 faisant de la France le seul émetteur significatif de gaz à effet de serre à formellement s’engager dans le processus de lutte contre le changement climatique. Les 17 autres Etats signataires représentent moins de 1% des émissions planétaires.
Six mois après la grande messe de Paris qui a vu 195 nations s’entendre sur un texte d’accord pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (GES), le soufflet est retombé. Les médias accaparés par des tsunamis d’informations (attentats, Brexit, évènements sportifs, etc) n’ont guère le temps de se pencher sur l’après COP21. Or, le droit de suite est particulièrement opportun en l’espèce. Car comme tout accord « universel », il doit passer à la moulinette des procédures internationales et nationales avant de pouvoir être effectif. A New York, en avril dernier, 170 pays ont officialisé leur engagement en le signant de nouveau aux Nations-Unis. Ne reste plus que la ratification par les autorités nationales (Parlement ou équivalent), l’étape la plus ardue.
Au mieux pour 2017
Tous les yeux se tournent vers la Chine, les Etats-Unis et l’Inde, trois des quatre plus grands pollueurs mondiaux. Car sans leur ratification, aucune chance de voir l’accord entrer en vigueur. Au moins 55 pays, représentant 55% des émissions mondiales, doivent le ratifier pour qu’il soit juridiquement valable, une condition sine qua non. Les trois pays se sont engagés à ratifier l’accord avant la fin 2016. L’Allemagne est elle-aussi est attendue au tournant, à l’instar des pays de l’Est de l’Europe comme la Pologne qui ne cache pas son manque d’enthousiasme.
Les limites de l’accord
Si les objectifs du texte de Paris sont relativement ambitieux (limiter la hausse des températures à 1,5 C°), ils paraissent à bien des égards irréalistes, d’autant qu’aucune contrainte n’a été mise en place. Les engagements soumis volontairement par les Etats pourront être revus tous les cinq ans et ces derniers pourront se retirer de l’accord à partir de 2023, soit 3 ans après sa potentielle entrée en vigueur. Dans ces conditions, l’accord de Paris s’apparente davantage à un socle commun de bonnes intentions qu’à une véritable feuille de route. Seul la somme des attitudes individuelles de chaque pays donnera une indication sur leur volonté réelle de lutter contre le changement climatique.
Les Etats gardent la main
Le volontarisme de certains chefs d’Etat sur la question climatique n’est pas forcément partagé en interne. Les Etats-Unis en sont un bel exemple. Barack Obama croise le fer depuis 7 ans pour mener un semblant de politique environnementale, au grand dam d’une frange encore très climato-sceptique du Congrès. Cette dernière dispose de puissants relais qui lui ont récemment permis, grâce à un jugement de la Cour Suprême, de suspendre le plan fédéral de réduction des émissions de GES des centrales électriques, une des grandes mesures adoptée pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie.
En Chine, le gouvernement montre un volontarisme depuis les JO de Pékin en 2008 et la prise de conscience de la problématique environnementale. Le pays prétend avoir diminué ses émissions en 2015 de 1 à 2%, mais difficile d’en attribuer la cause à ses efforts ou à la crise économique.
La France enfin. Son rôle de leader dans les négociations a été reconnu et ce n’est pas un hasard si elle est le premier grand pays à ratifier le texte. Elle veut montrer l’exemple. En interne, la situation est plus paradoxale. Embourbé dans une opération de sauvetage de son industrie nucléaire, le gouvernement a repoussé à plusieurs reprises la publication de la Programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui devra, entre autres, déterminer la ventilation du mix électrique dans les prochaines années.
Romain Chicheportiche
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