La plupart des pays en développement qui ont rendu leurs contributions pour la COP21 qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain conditionnent une partie ou la totalité de leurs engagements à l’existence d’un mécanisme de solidarité, notamment la consolidation des 100 milliards de dollars promis lors du sommet de Copenhague.
Où en est-on des financements?
L’OCDE a fait le point sur les questions de financement climatiques. Elle estime à 62 milliards de dollars en 2014 les financements climat publics et privés existants, en hausse de 10 milliards de dollars par rapport à 2013. « Les financements publics bilatéraux et multilatéraux ont représenté plus de 70 % des apports durant la période 2013-14, tandis que les financements privés mobilisés ont représenté plus de 25 % et les crédits à l’exportation, la part restante », fait savoir l’OCDE. Il reste donc 38 milliards de dollars à trouver.
Plus des trois quarts du total estimé des financements climatiques ont soutenu des activités d’atténuation, un sixième environ a été consacré à l’adaptation et une faible proportion a appuyé les deux objectifs. Pour la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNHNH), « les financements climat publics devraient être constitués dans une plus grande proportion de subventions pour pouvoir financer l’adaptation des pays les plus vulnérables » et « les financements publics manquants ne devront pas provenir du transfert de budgets existants sur d’autres enjeux de l’aide publique au développement ».
Où trouver les milliards manquants ?
Plusieurs pistes portant sur de nouveaux mécanismes financiers sont à l’étude, en particulier la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF). 11 pays européens – l’Autriche, la Belgique, l’Estonie, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie, et l’Espagne – travaillent sur cette question. Ils représentent environ 90 % du PIB de la zone euro. La Commission européenne a estimé que cette TTF pourrait rapporter annuellement au sein de ces 11 pays entre 24 et 30 milliards d’euros, dont 6 à 10 milliards d’euros en France. La majeure partie de cette taxe serait affectée à la lutte contre le changement climatique, ainsi qu’à la lutte contre les pandémies (sida, paludisme, tuberculose…).
Les ONG proposent aussi de taxer la pollution des transports maritimes et aériens internationaux. Ces deux secteurs bénéficient en effet d’exemptions particulières dans le cadre du Protocole de Kyoto, alors qu’ils sont fortement émetteurs de GES. Plusieurs acteurs proposent également de mettre fin aux subventions aux énergies fossiles. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), ces subventions s’élèvent à 4740 milliards d’euros par an dans le monde, soit 6,5 % du PIB mondial. L’institution financière estime que leur suppression permettrait de réduire de 20 % les émissions mondiales de GES, et permettraient aussi de révolutionner le monde de l’énergie en finançant pleinement l’adaptation au changement climatique de tous les pays en développement.
Longue requête des écologistes, la création d’une taxe carbone mondiale semble avoir été évacuée des négociations. Malgré son efficacité pour se détourner des énergies fossiles les plus polluantes et diminuer les émissions de gaz à effet de serre, elle ne sera pas à l’agenda de la COP 21.
100 milliards de dollars, est-ce suffisant?
Selon les estimations de la FNHNH, sur la base de 39 pays qui ont chiffré leur besoin, les 100 milliards de dollars couvriront un peu moins de la moitié des besoins d’investissements identifiés nécessaires aux pays en voie développement (PVD) et aux pays les moins avancés (PMA). « Le reste devra provenir d’investissements nationaux, d’investissements du secteur privé non comptés dans les 100 milliards ou provenant d’autres pays du Sud, comme la Chine », estime la Fondation. Il faudra donc que les contributions financières soient réévaluées, « par exemple tous les cinq ans », propose la FNHNH.
100 milliards de dollars, cela ne représent que 0,2 % du PIB des pays de l’Annexe 1 de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC). Mais les investissements qu’ils rendront possibles dans les PVD et PMA représentent en moyenne 8 % du PIB actuel des 39 pays qui ont chiffré leurs besoins, selon les calculs de la FNHNH. On comprend mieux que les pays en développement conditionnent leurs engagements au versement de ces aides.
par Matthieu Combe
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